Confucius et sa pensée



  L’enseignement de Confucius est consigné par des disciples dans Les Entretiens (論語, Lunyu) qui nous montrent un personnage fin et intelligent, soucieux de remettre en pratique les codes des empereurs mythiques tels que Yao ou Shun pour rectifier les mœurs et manières de penser de ses contemporains. Confucius croit en une interaction entre tous les domaines. L’ordre humain n’est pas séparé de l’ordre naturel. Les désordres et manquements des dirigeants nuisent à tous et perturbent l’ordre naturel. Cette notion, comme d’autres issues du confucianisme, a gagné les divers courants de la pensée asiatique. On en trouve même un lointain écho dans la pensée de Nichiren, notamment dans le Traité sur la pacification du pays et l’établissement de l’orthodoxie (立正安國論, Rissho ankoku ron). Le prince reçoit le mandat céleste (天命, tianming) et, comme le signifie le caractère wang (王) qui sert à le désigner, il devient le pivot entre le ciel et la terre.

   Son action est civilisatrice et sa présence écarte les désastres. Mais pour ce faire, sa conduite doit être réglée. Cette pratique s’opère en régulant ses sentiments et développant sa vertu puis par cercles successifs, cette influence gagne tout le royaume. D’une façon inverse, un dirigeant aux mœurs dissolues précipite son pays dans le chaos. Il y a donc une double pratique qui est nécessaire, la connaissance de la tradition pour savoir quel modèle suivre et le perfectionnement de sa propre vertu. Les rites tiennent une importance considérable dans cette revivification des temps anciens qui est chère à Confucius. La précision du langage est également fondamentale, quand les dénominations sont employées de manière erronée ou quand les personnes ne se comportent plus comme leur rang familial et social le stipule, le désordre gagne l’ensemble de la société par contagion.


  La pensée de Confucius a structuré la mentalité non seulement de la Chine mais de tous les pays qui ont adopté l’écriture et la culture chinoise tel que la Corée ou le Japon. On voit difficilement quel penseur occidental préoccupé d’éthique et de politique pourrait être comparé à Confucius. A l’époque de Mao, plusieurs campagnes ont été menées pour"déconfucianiser" les chinois. Malheureusement, on a pu constater que privée de ce repère, bien souvent l’âme chinoise sombre dans un matérialisme sinistre.

  D’autres penseurs confucéens (ou qui se réclament de l'enseignement du maître) sont venus ajouter leur apport aux doctrines du maître. Le plus célèbre est Mengzi (-327 - -289) encore que la pédagogie qu'il met en oeuvre soit plus démonstrative et verbeuse que celle du vieux maître de Lu. Il est connu chez nous sous le nom de Mencius. Il semble plus confiant dans la nature humaine que les autres penseurs de son époque. Il pense toutefois que si le prince par manque de vertu ou pour toute autre cause perd son pouvoir régulateur, le mandat céleste peut lui être retiré. C’est cette opération qui a donné le terme chinois qui aujourd’hui encore signifie révolution (革命, geming). Le principal écrit de Mencius qui maintenant fait partie du corpus des quatre livres du néo-confucianisme (il en constitue plus de la moitié), s’appelle le Mengzi (孟子) ; les trois autres reprennent l’enseignement de Confucius, il s’agit des Entretiens (論語, Lunyu), de La Grande Etude (大學, Daxue) et du Moyen médian (中庸, Zhongyong).

   Ces œuvres de Confucius sont consultables en version trilingue sur l'excellent site Wengu (溫故).

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