Définition de chacun des trois obstacles et quatre démons












  Les trois obstacles sont l’obstacle des passions, celui des actes et celui des rétributions. Notons que nous retrouvons ici un processus dynamique qui n’est pas sans rappeler celui des douze liens causaux.

- L’obstacle des passions désigne les pulsions liées aux désirs, à la stupidité ou à la colère qui troublent l’esprit et nuisent donc à la pratique de la voie bouddhique.

- L’obstacle des actes montre la façon dont des actions particulièrement répréhensibles, par exemple les cinq forfaits, affectent la personnalité de celui qui les commet et l’éloignent des dispositions d’esprit propices à la pratique de la voie bouddhique. Certains dictionnaires bouddhiques évoquent pour ce terme les influences dues à l’épouse ou aux enfants... le rapport avec le premier sens de la définition semble loin d’être évident et l’on peut se demander s’il n’y aurait pas télescopage de deux listes distinctes car les domaines d’application sont trop différents.

- L’obstacle des rétributions désigne l’obstacle majeur que représente le fait de naître par exemple, dans l’une des trois mauvaises destinations (enfer, esprits affamés, animaux). Il est sûr que recevoir la vie dans l’un de ces mondes très douloureux et inquiétants n’est pas une condition optimale pour progresser sur la voie bouddhique. D’autres définitions de ce terme évoquent les oppositions que peuvent provoquer les autorités politiques ou parentales. Là encore, nous avons l’impression, comme pour l’obstacles des actes, d’être en présence d’une liste distincte qui recoupe mal le sens premier du terme.




Les quatre démons sont le démon des passions, le démon des ombres, le démon de la mort et le démon du fils du ciel (ou démon impérial, tenjima, tianzimo).

- Pour le démon des passions, on se reportera ci-dessus à la définition de l’obstacle des passions. Le sens est tout à fait similaire. On peut s’étonner de cette redondance dans cette liste de sept facteurs négatifs, toutefois on ne doit pas perdre de vue le fait que les deux expressions "trois obstacles" et "quatre démons" viennent de sources et de contextes différents et donc ces deux ensembles peuvent présenter des éléments communs.

- Dans le démon des ombres, "ombres" est une abréviation de cinq ombres. Nous retrouvons ici le jugement pessimiste que le bouddhisme porte sur le vivant et selon lequel le fonctionnement ordinaire des cinq éléments qui composent l’agrégat psychosomatique est déjà, en lui-même, un phénomène douloureux. D’une façon analogue, quand pour définir la première des quatre vérités, la souffrance, on envisage huit modalités selon lesquelles cette souffrance s’exerce, la dernière d’entre elles est appelée la souffrance de la préhension des cinq éléments et induit l’idée selon laquelle le simple fonctionnement des cinq éléments qui nous constituent est en soi quelque chose de douloureux ou de pénible.



- Le démon de la mort révèle un empêchement fondamental de la poursuite de l’ascèse bouddhique par décès du pratiquant. Par extension, certains y voient également le trouble, voire les doutes, que peut susciter dans la communauté des croyants la mort de l’un d’entre eux.

- Dans démon du fils du ciel, "fils du ciel" est l’abbréviation de Fils du ciel souverain de la modification d’autrui (Takejizaïtenji, Tahuazizaitianzi). Cette expression désigne le fameux Roi-démon du sixième ciel qui trône au sommet du monde du désir. Il s’agit donc là de l’action que ce dieu (qui est perçu comme un démon), exerce par la manipulation des désirs. Notons que dans le bouddhisme, la manipulation d'autrui, cette action qui n'est ni réfléchie ni bienveillante et qui s'exprime dans nos sociétés avec tant de force et de moyens divers est jugée 'démoniaque'  c'est à dire comme étant le propre de forces qui nuisent à la compréhension et à la lucidité, qui  créent les conditions du malheur  pour soi et autrui en excitant diverses passions.

Comme on le voit au travers de cette énumération, les trois obstacles et quatre démons nuisent de façons diverses mais toujours graves à la pratique de la voie bouddhique. Ils sont les obstacles majeurs auxquels le croyant se trouve confronté et l’éveil ne peut être réalisé qu’en les surmontant.

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