Réponse à sire Matsuno






J’ai bien reçu votre don d’une ligature1 de pièces, d’une charge2 de riz blanc et d’une tunique3 blanche.

Situons ainsi ces montagnes : au sud, collines et sommets se déploient sur plus de cent lieues. Au nord se dressent les hauteurs du mont Minobu4, puis celles du pic Shirané. A l’ouest se découpent les neiges éternelles du mont Shichimen. Pas une seule demeure d’être humain et, parfois, dans cet endroit désolé, on aperçoit quelque singe qui, sautant d’arbre en arbre, regagne promptement son gîte. A l’est, les flots de la rivière Fuji roulent pareils aux tourbillons du Takla-Makan5.

En ces lieux où nul ne vient, c’est merveille que des nouvelles de vous me soient apportées.

J’ai appris que l’enseignant Nichigen6, du temple de l’Aspect réel7, après sa conversion à Nichiren, a perdu ses terres8 et s’est vu rejeté par laïcs et disciples, n’ayant même plus d’endroit où vivre. Pourtant il est venu rencontrer Nichiren et, à présent il se soucie de nombre de moines. Tel est vraiment l’esprit de la voie. C’est un sage. Il était déjà un érudit sans pareil et pourtant, abandonnant renommée et profit, il est devenu mon disciple. Il se livre aux austérités dites : « Nous ne ménagerons pas notre vie corporelle 9». Pour témoigner de sa gratitude envers le Bouddha, il vous a apporté l’enseignement, à vous tous, et ainsi vous accomplissez des offrandes, tout cela est merveilleux.

Le Bouddha nous a enseigné que dans l’ère finale10, les moines et les nonnes pareils à des chiens seront innombrables comme les grains de sable du Gange. Cette phrase signifie que dans l’ère finale, les religieux demeurent attachés à la renommée et au profit. Quand ils revêtent la chemise et le surplis, leur apparence ressemble à celle de moines ou de nonnes et pourtant, intérieurement, ils sont armés de l’épée des vues erronées. Afin que leurs laïcs ne se rapprochent pas d’autres prêtres, ils usent d’innombrables calomnies et tiennent ainsi leurs ouailles à l’écart. Leur cœur est semblable à un chien qui, après avoir trouvé quelque nourriture dans une demeure, voit survenir l’un de ses congénères et gronde prêt à mordre.

De tels moines et nonnes sont tous promis à chuter dans les voies mauvaises11. L’enseignant Nichigen, docte comme il est, connaît sans doute cette phrase. Quoiqu’il en soit, je lui suis profondément reconnaissant de rendre visite aux nombreux moines et de se soucier d’eux.

Dans votre lettre, vous me dîtes que depuis que vous gardez ce sutra, sans régression12, vous lisez les dix Ainsi13 et les vers « Jiga... »14 et vous récitez le Titre. Vous me demandez également si les œuvres et vertus15 diffèrent selon que ce soit un sage16 ou nous-même qui récite le Titre17. En fait, les unes ne sauraient être supérieures ni inférieures aux autres. De même, rien ne distingue l’or d’un pauvre d’esprit de celui d’un sage pas plus que le feu allumé par l’un ou l’autre. Toutefois, si en récitant le Titre on s’oppose au cœur du Sutra, une différence se manifeste alors.

Les austérités liées à ce sutra se situent sur plusieurs plans. Le cinquième volume des Notes18 en exprime l’essentiel en ces termes : «  Pour clarifier le nombre des maux, il est dit dans une phrase que cela était à la fois enseigné et non enseigné19. Quelqu’un20 l’a compris de la sorte ‘’ Tout d’abord je vais énumérer les causes du mal puis leurs effets. Le mal a quatorze causes : 1) l’orgueil, 2) l’indolence, 3) l’égocentrisme, 4) la superficialité, 5) l’attachement aux désirs, 6) le non-discernement, 7) l’incroyance, 8) le refrognement, 9) le doute, 10) la médisance, 11) le mépris du bien, 12) la haine du bien, 13)la jalousie envers le bien et 14) le ressentiment à l’égard du bien ‘’ ». Ces quatorze offenses concernent tout à la fois laïcs et religieux. Redoutez-les, redoutez-les !

Dans le passé, le bodhisattva Sans Mépris21, comprenant que tous les êtres possèdent la nature de bouddha, que s’ils gardaient le Sutra du lotus, ils deviendraient infailliblement le Bouddha et que dans ce cas les dédaigner reviendrait à dédaigner le Bouddha lui-même, établit pour pratique la vénération22. Il révérait tout également ceux qui ne connaissaient pas le Sutra du lotus, parce qu’ils étaient susceptibles de le rencontrer et aussi, par égard pour leur nature de bouddha. A plus forte raison en faisait-il de même envers les laïcs ou les religieux qui gardaient ce sutra.

Dans le quatrième volume de ce sutra23, nous voyons que médire du laïc ou du religieux qui garde et enseigne le Sutra du lotus, ne serait-ce que d’une parole, représente une faute plus grave que calomnier le Bouddha Shakyamuni durant un éon24 entier. Et ce, que ce soit vrai ou non.

Que ceux-là qui gardent le Sutra du lotus nourrissent toujours cette pensée et, quand bien même il leur arriverait de l’oublier, qu’ils ne se calomnient jamais. Et ce, car ils sont tous des bouddha. Médire du Bouddha c’est concevoir une faute. Si nous sommes animés d’un tel état d’esprit, les œuvres et vertus liées à la récitation du Titre valent celles du vénéré Shakya.


Un commentaire25 nous dit : « A la fois le principal et le support26 de l’enfer Avici27 résident dans le corps du sage suprême, et le corps de Vairocana28 n’excède pas la Une pensée29 d’un homme ordinaire. »

Le cœur de ces quatorze offenses30 est inclus dans cette lettre et il y a là matière à méditer.

Poser comme vous le faîtes des questions à propos de la doctrine est, certainement, le fait de celui qui se préoccupe du monde d’après. Il est dit : 

« Quelqu’un capable d’écouter cette loi,

De telles gens aussi sont difficiles à trouver31 »

       Ce sutra est difficile à enseigner conformément au sens originel du Bouddha, tant que son véritable envoyé n’est pas apparu en ce monde. De plus, rares sont ceux qui interrogent sur sa teneur pour éclairer leurs doutes et raffermir leur croyance.

Quand bien même une personne serait vile, si sa sagesse est tant soit peu supérieure à la votre, questionnez la sur la teneur de ce sutra. Cependant, les êtres de l’ère mauvaise ne s’attachent qu’à l’orgueil, aux préjugés, à la renommée et au profit. Ils se demandent s’ils doivent ou non, devenir les disciples d’une telle personne et, au cas ou il y aurait quoique ce soit à apprendre d’elle, ils craignent encore pour leur réputation. Ainsi, comme on le voit, ils demeurent dans de mauvaises pensées incessantes et tombent dans les mauvaises voies.

Dans le chapitre du Maître de la loi32, on peut lire : « Si un homme fait une offrande au moine qui enseigne le Sutra du lotus et, si juste un instant, il écoute les doctrines de ce sutra, cet homme se réjouira des profits, des œuvres et vertus ainsi obtenues, plus encore que de ceux que l’offrande au Bouddha de trésors accumulés durant quatre vingt centaines de millions d’éons lui auraient procurées33».

Les ignorants obtiendront les œuvres et vertus par celui qui enseigne ce sutra. Qu’ils soient démons ou animaux ceux qui professent une stance ou un vers du Sutra du lotus doivent être mutuellement respectés comme le Bouddha, selon le principe : « on se lèvera de loin pour aller à sa rencontre, comme pour rendre hommage à un Eveillé 34». Ainsi en est-il, dans le chapitre du Précieux stupa35, pour Shakyamuni et Maints Trésors36.

Même si le moine Sammi37 était un homme de peu, dès lors qu’il énonce, ne serait-ce que sommairement, la doctrine du Sutra du lotus, il convient de le vénérer à l’égal du Bouddha et de l’interroger sur ses connaissances. Vous devez bien comprendre cela : « C’est selon la loi et non la personne38 ».

Jadis une personne vivait seule dans les montagnes dites les «Monts enneigés39» et en portait le nom. Elle sustentait sa vie de fougères et de fruits cueillis et cachait sa nudité en se vêtant de peaux de cerfs. Doucement, elle avançait sur la voie.

Après mûre réflexion le Garçon des Monts enneigés40 voyait s’imposer à lui le principe de l’impermanence des vies et des morts, selon lequel tout ce qui naît doit mourir. En ce monde de l’éphémère, vanité et précarité des choses sont pareilles à la lueur de l’éclair, à la rosée du matin qui s’évapore au soleil, et elles ne se distinguent point de la chandelle que le vent souffle aisément ou des délicates feuilles de bananier.

Aucun homme ne peut se soustraire à l’impermanence et finalement vient le jour où il faut entreprendre le voyage vers les Sources jaunes41. Aussi, quand on songe au cheminement dans les ténèbres, l’obscurité est totale et ni le soleil, ni la lune, ni les constellations ne nous éclairent alors, pas même la plus petite lanterne. Sur le chemin de la nuit, personne ne nous accompagne.

Tant que l’on vit dans le monde de Saha42, parents, frères, épouses, enfants et proches nous entourent. Le père déploie une grande sollicitude et la mère est animée d’une profonde compassion.

En vertu du serment de « vieillir ensemble et partager la sépulture43 », les époux vivent pareils à ces crevettes, animaux de même espèce qui, dans l’océan, demeurent ensemble une vie en un endroit, sans jamais s’éloigner l’un de l’autre du fait de la promesse échangée. Bien qu’ils aient disposé leurs oreillers côte à côte sous la couverture brodée de canards mandarins44, et qu’ils aient joui des plaisirs, leur voyage dans les ténèbres se fait sans compagnon. Dans l’obscur on va seul. Qui donc pourrait venir à la rencontre de l’esseulé ?

Le Garçon des Monts enneigés comprenait également que dans l’état d’incertitude qui marque la vieillesse comme la jeunesse, les vieillards partent d’abord et les jeunes restent, car tel est l’ordre normal. Ainsi pouvons-nous trouver comme une consolation dans nos lamentations. Mais quoi de plus pitoyable que le jeune enfant qui doit partir avant ses parents et quoi de plus triste encore que des parents âgés qui survivent à leur enfant.

En cet état de l’impermanence des vies et des morts, de l’incertitude de la vieillesse et de la jeunesse, en ce monde où règne la précarité, jour et nuit on pense seulement aux biens que les vivants accumulent ; et du matin au soir, on ne commet que les actes de ce monde : on ne vénère pas le Bouddha et on ne croit pas à la loi.


Traînés à la cour de justice de Yama45, de quel viatique disposerons-nous pour accomplir le périple des trois mondes46 ? sur quel radeau, sur quel esquif embarquerons-nous pour traverser l’océan des vies et morts et gagner les terres de la lumière paisible47 du Bouddha et de la rétribution vraie48 ?


Il pensait à tout cela. De l'égarement procède le rêve et de l'éveil le réel. Aussi voyait-il clairement que ce qu'il cherchait était d'abandonner ce triste monde du rêve pour s'éveiller au réel. Il s'était retiré dans ces montagnes et, sur la chaire de la contemplation de la pensée, avait balayé les poussières des idées mensongères et de la déraison. Il recherchait la loi bouddhique en toute chose.


C'est alors qu'Indra49 regardant des cieux lointains vers le bas, songeait : "Les poissons donnent naissance à une nombreuse progéniture, mais combien deviendront adultes ? Les fleurs du manguier éclosent à profusion, mais combien deviendront fruits ? Pour les hommes il en va de même : nombreux sont ceux qui produisent l'esprit de bodhi50, mais bien peu s'engagent sur la véritable voie sans régresser. L'esprit de bodhi des êtres humains peut être troublé par de multiples mauvais liens et il s'altère aisément à leur contact. Nombreux les fantassins qui revêtent l'armure, mais rares sont ceux-là qui ne ressentent pas la peur durant la bataille"


Voulant éprouver le coeur de ce garçon, Indra prit la forme d'un démon et se plaça à ses côtés. En ce temps là, le Bouddha n'était pas présent et le Garçon des Monts enneigés recherchait partout les sutra du Grand Véhicule sans toutefois y réussir. A cet instant, il entendit une faible voix murmurer :

- Les multiples mouvements sont impermanents

Car soumis à la loi de naissance et disparition...


Le garçon surpris scruta les quatre directions. Il n'y avait personne, excepté un démon qui se tenait près de lui. Son apparence était farouche et effrayante. Sa chevelure hirsute semblait de feu, les dents saillaient de sa gueule pareilles à des épées et, d'un air menaçant, il le regardait fixement.


A sa vue, le garçon n'était pas apeuré; il se réjouissait tant d'avoir entendu partie de la loi bouddhique que nul doute ne l'assaillait. Il était pareil à un veau séparé de sa mère, qui perçoit faiblement l'appel de celle-ci.


"Qui donc a pu réciter cela ? Il doit y avoir une suite" pensa-t-il ; et partout il chercha, mais sans voir quiconque. Il s'interrogea si cela pouvait être des paroles enseignées par ce démon et il se dit, qu'en aucune façon, cela ne pouvait être le cas : son corps présentait un aspect démoniaque lié à la rétribution de méfaits.


Toutefois, puisqu'il n'y avait personne d'autre de présent, il lui demanda :


       - Est-ce toi qui as dit cela ?

       - Ne m'adresse pas la parole. Cela fait plusieurs jours que je n'ai pas mangé, je suis affamé, fatigué, et j'en perds la raison. Il se peut que j'ai proféré quelque ineptie, mais quand bien même cela serait le cas, dans mon état je ne me rappelle plus de ce que j'ai dit.

- Pour moi, avoir entendu la moitié de cette stance, c'est comme contempler la moitié de la lune ou posséder une demi-perle et je te supplie de bien vouloir m'enseigner la suite.

- Puisque depuis l'origine tu as l'éveil51, tu ne dois pas m'en tenir rancune si tu ne l'entends pas. Maintenant, tourmenté que je suis par la faim, cesse de m'importuner !

- Mais accepteriez-vous de m'enseigner si vous avez de quoi vous nourrir ?

- Si j'ai à manger, je pourrai enseigner.


Le garçon se réjouit :

- De quoi vous nourrissez-vous donc ?

- N'insiste pas. Si tu le savais, tu en serais effrayé. Et de toute façon, ce n'est pas chose que tu puisses me procurer.

Le garçon le pressa encore :

- Quoi que ce soit, dîtes-le moi afin que j'aille vous le chercher.

- Je me nourris de la tendre chair des hommes et je bois leur sang encore chaud. Bien que je vole dans le ciel, toujours à l'affût, je ne puis tuer, comme j'y serais enclin, ceux que les bouddha et les dieux protègent ; je ne me nourris donc que de ceux-là qu'ils ont délaissés.


Le garçon des Monts enneigés se dit alors qu'en abandonnant son propre corps il parviendrait à entendre cette stance.

- Voici votre nourriture. Ne la cherchez pas ailleurs. Mon corps n'est pas encore mort et tendre sa chair. Mon corps n'est pas encore froid et tiède est son sang. Je vous supplie de m'enseigner la suite de cette stance et je vous donnerai mon corps.


Le démon devint alors fou de colère :

- Qui pourrait se fier à tes dires ? Quel témoin pourra me garantir que tu tiendras ton serment une fois que tu auras entendu la suite ?

- De toute façon, ce corps va mourir. Mais si, pour la loi, je peux offrir cette vie destinée à périr, une fois ce corps sale et impur abandonné, je m'ouvrirai infailliblement à l'éveil dans mon existence future. Je deviendrai le bouddha et je recevrai un corps pur et merveilleux. Je prie Brahma52, Indra, les quatre grands rois du ciel53, tous les bouddha et les bodhisattva des dix directions54 d'être mes témoins afin que je ne puisse mentir.


       Le démon se rasséréna quelque peu :
       - Si ce que tu dis est vrai, je t'enseignerai la stance.

A ce moment, transporté de joie, le Garçon des Monts enneigés ôta la peau de cerf qu'il portait et l'étendit sur le lieu de la loi. Il se prosterna, touchant le sol du front, et, à genoux, joignit les paumes. Pénétré du plus profond respect, il dit :

- Je souhaite seulement que vous acceptiez de m'enseigner la suite de cette stance.


Alors, se plaçant sur le lieu de la loi55, le démon révéla l'enseignement :

- ... Une fois naissance et disparition éteintes

L'extinction paisible se fait joie.


En entendant cela, le Garçon des Monts enneigés éprouva une joie et un respect sans limite. Pour ne pas oublier la stance, même dans le monde d'après, il la récita maintes et maintes fois afin de profondément en imprégner son cœur. Il comprenait que cette stance ne différait en rien de l'enseignement du Bouddha et cela le réjouissait, mais il s'attristait en pensant que lui seul l'avait entendue et qu'il ne pourrait la transmettre à quiconque. Alors il en grava les mots sur la surface des pierres, la paroi des murs et les arbres au bord du chemin.

- Je souhaite que les hommes, qui par la suite viendraient ici, s'éveillent infailliblement au sens de cette phrase en la lisant et s'engagent dans la vraie voie.


Une fois qu'il eut dit cela, il grimpa au sommet d'un grand arbre et se jeta devant le démon. Mais avant qu'il n'ait touché le sol, le démon, qui d'un coup avait repris l'apparence d'Indra, rattrapa le corps du Garçon des Monts enneigés et le déposa en un endroit aplani. Il se prosterna avec respect et lui dit :

- Temporairement j'ai gardé pour moi les enseignements sacrés de l'Ainsi-venu, et mettant à l'épreuve votre cœur de bodhisattva, je l'ai tourmenté. Je vous en supplie, pardonnez cette faute et, dans le monde d'après, sauvez-moi !

Tous les dieux s'assemblèrent et dirent en louange : "Très bien, très bien, il est le bodhisattva !".

Il avait sacrifié son corps pour la moitié d'une stance et, ce faisant, avait éteint les fautes des vies et morts de douze éons. Nous lisons tout cela dans le Sutra du Nirvana56.

Ainsi, dans le passé, voyons-nous que le Garçon des Monts enneigés avait donné sa vie pour la moitié d’une stance. A plus forte raison comment pouvons-nous nous acquitter de la dette de reconnaissance procurée par un volume ou un chapitre du Sutra ?


Vous qui vous êtes enquis du monde d’après, sachez que la seule efficace est d’agir comme le fit le Garçon des Monts enneigés. Quand on est d’une condition trop pauvre pour effectuer les dons de joyaux, on possèdera la voie bouddhique en abandonnant son corps et sa vie. Lorsqu’il le faut, en abandonnant son corps et sa vie, on peut apprendre la loi bouddhique.


Inévitablement, nos corps deviennent en vain la terre des montagnes et des plaines. Dès lors à quoi sert-il de ménager ce corps ? Et quand bien même nous voudrions le préserver, nous ne pourrions y parvenir finalement.


Bien que l’homme vive un certain temps, cela n’excède pas cent ans. Et tous les évènements survenus durant ce délai ne constituent que le rêve d’un somme.


Ceux-là même qui ont, et c’est chose difficile à obtenir, un corps d’homme et qui, de plus, ont quitté leur famille57, s’ils étudient la loi bouddhique sans réfuter ceux qui l’offensent, et s’ils passent leurs journées en fredaines et discussions oiseuses, ne sont sous leur peau de maître de la loi58 que des animaux travestis. Ils ont usurpé le rang de maître de la loi, passent ainsi dans le siècle et en tirent leur pitance. Y a-t-il pourtant la moindre chose qui fasse d’eux des maîtres ? Ces voleurs ont dérobé le titre de maître de la loi. Quelle honte, quelle horreur !


La doctrine empruntée59 enseigne : 

« Nous ne ménageons pas notre vie corporelle

Car nous ne tenons qu’à la Voie insurpassable60» et la doctrine originelle61 :

« Ils n’épargnent ni leur corps, ni leur vie62 ».


De même lisons-nous dans le Sutra du Nirvana :

« Léger est le corps et lourde la loi

Le corps anéanti, la loi se propage ».


Dans à la fois les deux doctrines originelle et empruntée, ainsi que dans le Sutra du Nirvana, nous voyons que nous devons propager la loi en abandonnant notre corps et notre vie. Enfreindre ce commandement est une faute lourde que les yeux ne voient pas et qui pourtant, accumulée, nous fait chuter en enfer.


Par exemple le froid comme la chaleur sont dénués de forme et d’apparence et ne sont pas perceptibles à l’œil. Néanmoins, en hiver vient le froid qui attaque tant les plantes que les hommes ou les animaux et en été c’est au tour de la chaleur de torturer hommes et bêtes.


Aussi pour vous qui êtes un laïc, il est primordial de réciter Namu Myohorenguékyo sans pensée autre et de faire des offrandes aux moines. Et, comme le stipule les phrases du Sutra, vous devez professer selon vos capacités.


Quand vous ressentez la mélancolie de ce monde, sachez que si les souffrances de cette vies sont attristantes, combien plus le sont celles du monde d’après. Récitez alors Namu Myohorenguékyo.


De même, quand vous vous réjouissez, sachez que les joies de cette vie ne sont que le rêve d’un rêve, et que la seule vraie joie est celle de la terre pure du Mont sacré63, alors, à nouveau, récitez Namu Myohorenguékyo. Pratiquez les austérités sans régression, attendez votre heure finale et lorsqu'elle arrivera, regardez..


Nous avons escaladé la montagne de l'éveil merveilleux et quand nous contemplons les quatre directions, quel prodige : le monde des dharma64 s'est transformé en la terre de la lumière paisible, le sol est constitué de lazulite et des cordages d'or bordent les huit voies65. Du ciel pleuvent les quatre variétés de fleurs66 et dans l'air on perçoit des musiques. Les bouddha et bodhisattva, baignés de la brise de "pérennité-bonheur-ego-pureté67", goûtent à la joie et à l'extase.


Comme il est proche l'instant où, nous aussi prendrons place parmi eux pour nous réjouir. Mais si notre foi est faible, nous ne pourrons nous rendre en un lieu aussi admirable.


Je recevrai toute question de votre part.


Avec craintes et respect.


        Deuxième année de l’ère Kenji68, douzième mois, neuvième jour                        Nichiren69


Réponse au seigneur Matsuno



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1 Gamoku hitoyuï. Les pièces étaient trouées en leur centre ce qui permettaient de les attacher ensemble en les enfilant sur un cordon. Une ligature faisait cent pièces. Littéralement Gamoku signifie œil d’oie, l’aspect de cette pièce au centre percée évoquait l’œil de cet oiseau.


2 Da. Chargement que peut porter ou tirer un cheval.


3 Kosode. Sorte de vêtement, de chemise longue. Les manches étaient relativement courtes mais très larges.


4 Minobu san. Montagne proche du mont Fuji dans l’ancienne province de Kaï (aujourd’hui département de Yamanashi). Nichiren s’y retira à son retour de d’exil de Sado après sa troisième remontrance au gouvernement du bakufu de Kamakura. Il y passa la dernière partie de sa vie de 1274 à 1282.


5 Ryusha, Liusha. Nom chinois du Takla-Makan, zone désertique célèbre pour ses tempêtes de sable. Située dans le Turkestan oriental, à l’est de la ville Kagchar (province chinoise du Xinjiang). Les routes de la soie contournaient par le nord et par le sud ce redoutable obstacle naturel. Littéralement Ryusha signifie « flots de sable ».


6 Nichigen ( ? – 1315). Régisseur des études du temple de l’Aspect réel. Il se démit de ses fonctions après sa conversion au bouddhisme de Nichiren qu’il rejoignit au mont Minobu. De retour au temple de l’Aspect réel il contribue comme Nikko et Nichiji à faire de ce lieu un foyer de la propagation du bouddhisme du Lotus. Il rayonne ensuite dans les provinces de Musashi et Suruga où il fonde des temples.


7 Jisso ji. Le temple de l’Aspect réel. temple situé à Iwamoto, dans l’ancienne province de Suruga (département de Shizuoka, de nos jours). Ce temple fondé vers le milieu du XII° siècle était d’obédience Tendaï, branche Jimon. Nichiren séjourne dans ce temple en 1258 pour compulser les sutra de sa très riche bibliothèque en vue de rédiger le Traité sur la pacification du pays et l’établissement de l’orthodoxie (Rissho ankoku ron). Il y rencontre et prend pour disciple un jeune moine qui sera plus tard connu sous le nom de Nikko (1246 – 1333). En 1270, ce dernier propage le nouveau bouddhisme du Lotus dans ce monastère, entraînant l’adhésion de plusieurs jeunes moines dont Nichiji (1250 - ?) qu’il connaît depuis quelques années. Ils font de ce temple l’un des foyers de propagation dans la région du mont Fuji. Le régisseur des études Nichigen également se convertit. Ces mouvements ont parfois entraîné l’opposition des supérieurs de ce temple. Dans le même temps, ce temple, héritier d’une tradition scholastique, est un lieu de confrontation des idées et des arguments et permet au nouveau clergé se rattachant à Nichiren de mener leurs premiers débats. Il faut noter que nombre d’entre eux étaient issus du bouddhisme Tendaï. En 1278, Nichiren écrit une lettre, connue sous le nom de Lettre au temple de l’Aspect réel (Jissoji gosho), au moine Buzen du Jissoji et l’on devine que les débats entre les prêtres de l’ancien Tendaï et les tenants de la nouvelle école devaient aller bon train. Par la suite le Jisso ji est devenu un temple d’obédience nichireniste rattaché à Nichiren Shu.

8 Le texte dit "a abandonné ses terres". Les recherches que nous avons effectuées incitent à penser que Nichigen avait reçu de terres expoitées par des paysans et dont il percevait le produit. Ce système (assez rare) existait à l'époque, rappelons que normalement, la gestion des terres étaient confiées à des intendants domaniaux (jito) qui n'en avaient pas la propriété pour autant.  Il semble donc que dans le cas de Nichigen, sa conversion à la nouvelle école du Lotus ait entraîné à la fois la confiscation de ses propriétés et son renvoi  du temple de l'Aspect réel où il assurait le poste de régisseur des études (gakuto). Nichiren salue ici le courage de ce religieux qui, par conviction, a renoncé à la fois à ses biens et à son emploi.


9 Extrait du treizième chapitre du Sutra du lotus, Exhortation à la sauvegarde. p 247 Sutra du Lotus traduction Jean-Noël Robert, Fayard 1997, p 443 Myohorenguékyo Taisekiji han 1955.

10 Masse, moshi. Fin d’une époque présentant des signes de dégénérescence de la société ou des mœurs. Dans le vocabulaire bouddhique, nous avons comme termes similaires Fin de la loi ou loi finale ou loi dégénérée (mappo, mofa) et âges derniers (matsudaï, modai).


11 Akudo, wudao, durgati. Lieux où mènent les actes mauvais. Parmi les six voies ou destinées du samsara il s’agit des trois premières, c’est-à-dire l’enfer, le monde des esprits affamés (preta) et celui des animaux.


12 Taïten,tuizhuan. Régresser. En fait l’expression signifie retourner au point de départ c’est-à-dire négliger les austérités bouddhiques. Littéralement taï signifie reculer et ten basculer.


13 Ju nyoze, Shi rushi. Extrait de la première partie du chapitre des Moyens du Sutra du lotus (p 68 Sutra du Lotus traduction Jean-Noël Robert, Fayard 1997, p 154 Myohorenguékyo Taisekiji han 1955), dans la traduction de Kumarajiva, mis en exergue par Zhiyi. Ce principe constitue 1'un des trois facteurs permettant d'aboutir au nombre trois mille dans le système d’Une Pensée trois mille. L'extrait du chapitre des Moyens est le suivant :
" Ce que le Bouddha a accompli
Est la loi première, rare et abstruse
Seulement de bouddha à bouddha
L'aspect réel des dharma est saisi dans son intégralité
Ce qui signifie que pour tous les dharma
Ainsi est l'aspect
Ainsi est la nature
Ainsi est la corporéité
Ainsi est l'énergie
Ainsi est la production
Ainsi est la cause
Ainsi est la condition
Ainsi est 1'effet
Ainsi est la rétribution
Ainsi est 1'égalite totale de 1'origine et de la fin"

La compréhension de cet extrait est loin d’être aisée et nous ne voudrions pas accroître la difficulté par l’expression. Lorsque l’on dit « ainsi est l’aspect, ainsi est la nature... », une des lectures possibles est que le monde nous apparaît comme étant un aspect, une nature etc. Cela ne signifie pas qu’il soit un aspect, une nature etc. Dans la combinatoire avec les dix mondes qui entre dans le calcul du nombre 3000, dans l’expression Une pensée trois mille, cela signifie que chacun des dix mondes se manifeste comme un aspect, une nature, une corporéïté etc. Par exemple pour le monde des hommes, qui est celui qui devrait nous être le plus familier, il possède dix Ainsi qui lui sont propres et caractéristiques et qui diffèrent de ceux des mondes des animaux ou des dieux par exemple. Ces dix Ainsi le caractérisent et le rendent différent des neuf autres mondes.

On peut aussi s’interroger sur la relation entre « aspect réel (jisso) des dharma » et « Ainsi est (nyoze) », sachant que lorsque l’on décrit quelque chose par comparaison, on ne décrit forcément pas la chose elle-même mais un caractère qu’elle a en commun avec ce à quoi on la compare. C’est-à-dire que cet « aspect réel (jisso) des dharma » reste communicable uniquement de « bouddha à bouddha ». Pour nous, il nous est donné un indice, c’est qu’il apparaît en tant qu’aspect, que nature, que corporéïté etc. Pour une réflexion plus profonde sur ce concept on se reportera avec profit aux traités de Nichiren Le principe d’Une pensée trois mille et Les dix Ainsi dans Devenir le Bouddha éditions Arfuyen 1993.

14 Jiga ge,ziwo jie. Début de la partie versifiée du seizième chapitre du Sutra du lotus (p 68 Sutra du Lotus traduction Jean-Noël Robert, Fayard 1997, p 506 Myohorenguékyo Taisekiji han 1955). Du vivant de Nichiren, il n’y avait pas de pratique religieuse codifiée dans son courant. Le plus fondamental était la récitation du titre du Sutra du Lotus précédé du vocable dédicatoire Nam (ou Namu) et la lecture de certains passages ou chapitres du Sutra et tout particulièrement les deuxième et seizième chapitres.

15 kudoku, gongde, guna. Les œuvres (ku) sont les bonnes actions que l'on accomplit et les vertus (toku) ce que l'on retire des œuvres ; les vertus, en retour, permettent de mieux réaliser les œuvres.

16 Shonin,shenglen. Dans le bouddhisme ce terme, d’origine confucéenne, désigne une personne d’une sagesse remarquable mais également d’une grande compassion. L’étymologie du caractère sheng est intéressante. Le caractère est composé d’une oreille pour le sens et d’un idéogramme représentant une bouche au-dessus d’un roi. Ici, cet idéogramme est moins significatif que phonétique. L’oreille, qui est la clef du caractère, désigne celui qui est à l’écoute des voix des dieux et en comprend le sens. Il s’agit donc de celui qui a l’intelligence des choses.

17 Daïmoku, timu. Le Titre ici désigne le titre du Sutra du lotus tel que l’a traduit Kumarajiva (vers le quatrième siècle de notre ère) soit Miaofalianhuajing en chinois qui se prononce Myohorenguékyo en japonais.

18 Ki. Appellation abrégée de l’ouvrage Notes sur les phrases et les mots de la fleur de la loi, le Fahua Wenju ji de Zhanlan (717-782). Il s’agit des annotations relatives à un commentaire de Zhiyi (538 – 597) sur le Sutra du lotus. Texte relevant du courant Tiantai.

19 La formule peut surprendre... En fait, les différentes formes d’opposition à la loi figurent dans le chapitre III du Lotus, le chapitre de la Parabole. Toutefois, elles ne sont pas exposées de façon explicite. Ci en (cf. note suivante), conformément à la tradition chinoise de classifier, s’est attaché à les présenter de manière ordonnée sous forme de liste.

20 Il s’agit du chinois Ci en (632 – 682). Principal disciple du fameux moine pèlerin Xuanzan (602 – 664), avec qui il effectua des traductions du sanscrit en chinois. Il propagea comme ce dernier, l’enseignement de l’école Fa xiang, qui se réfère à la doctrine du Rien que conscience héritée du courant indien des yogacarin.

21 Fukyo, Buqing, Sadapaributha. Bodhisattva dont l’histoire est racontée au chapitre XX du Sutra du lotus (Chapitre du bodhisattva Toujours Sans Mépris). Dans un passé extrêmement lointain, il se livrait à une pratique qui consistait uniquement à se prosterner avec respect devant toute personne, moine ou laïc en leur prédisant qu’elle deviendrait un bouddha. En fait, il reconnaissait et honorait en chacun la nature de bouddha. Il encourut moqueries et attaques. D’ailleurs, c’est pour le railler qu’on l’a surnommé Toujours Sans Mépris. Toutefois, au moment de mourir, il entendit l’exposé du Lotus, le retint, vit ses sens purifiés et sa longévité accrue. Du coup, tous ceux qui lui avaient nui, impressionnés devinrent ses disciples.


22 Reihaï, libai. Vénérer, adorer, rendre hommage. En chinois, ce mot entre dans plusieurs composés qui désignent surtout des rites étrangers. Peut être ce terme, dès l’origine, avait-il une connotation originale vis-à-vis des mœurs. Dans le cas du bodhisattva Toujours Sans Mépris, la pratique unique à laquelle il se livrait consistait à rendre hommage et à faire la louange de tous ceux qu’ils croisaient. La pratique est d’autant plus originale que, par ailleurs, il n’accomplissait pas les rites bouddhiques. « Or ce moine ne se consacrait point à la lecture et à la récitation des textes canoniques, il ne pratiquait que l’hommage, au point que voyant de loin les quatre congrégations, il allait encore exprès leur rendre hommage et faire leurs louanges en ces mots : ‘’Je n’ai garde de vous mépriser ; vous deviendrez tous Eveillés.’’ » (traduction Jean-Noël Robert, Sutra du Lotus p 329).

23 Effectivement cette phrase reprend les termes exposés dans le dixième chapitre, le chapitre du Maître de la loi (cf. Sutra du Lotus traduction Jean-Noël Robert, Fayard 1997, p 213 et 214).

24 Ko, gong, kalpa. Translitération abrégée du sanskrit. Le mot kalpa désigne une période de temps très longue. Différentes paraboles en expriment l’étendue. Par exemple, celle où il est dit que si, une fois par siècle, on déposait dans une cité carrée de mille li de côté un grain de sénevé, quand bien même on aurait recouvert toute la surface, l’éon ne serait pas achevé. L’éon désigne également chacune des quatre périodes cosmiques de formation, de stabilisation, de destruction et d’inexistence d’un univers ; ce cycle est appelé un éon majeur.

25 Il s’agit du Jingangbi lun de Zhan Lan (711 – 782).

26

Esho, yizheng. Abréviation de Rétributions pour le principal et son support (eho shoho, yibao zhengbao). Selon les actes du passé, la rétribution touche à la fois le sujet et ce qui constitue son support inséparable, c’est-à-dire le lieu ou il existe, son environnement, et les êtres qui lui sont liés.

27 Abi, abi, avici. L’enfer des souffrances sans rémission. Dans la cosmologie indienne c’est le plus terrible des huit enfers de feu. Ceux qui y demeurent souffrent sans connaître le moindre répit.

28 Biru,Bilou. Abréviation de Birushanabutsu, Bilouchenafo, Vairocana buddha.. Selon le Sutra de l’Ornementation fleurie, après une infinité d’éons de pratique des œuvres et vertus, il aurait réalisé l’éveil correct. Divers pouvoirs particuliers lui sont attribués, notamment l’émanation de lumière et la transformation du corps. Le Sutra du filet de Brahma le place sur une corolle de lotus et les bouddha enseignant la doctrine sont une émanation de lui. Le Sutra de la contemplation du bodhisattva Sage Universel, qui souvent sert d’épilogue au Sutra du lotus, le cite comme un nom honorifique illustrant certaines fonctions ou corps de Shakyamuni. De ces différentes représentations, les écoles du bouddhisme ont donné des interprétations spécifiques voire ésotériques.

29 Ichinen, yinian. Du chinois yi, un, et nian, la pensée de 1'instant, ce qui est présent en 1'esprit. Désigne la durée extrêmement brève qui serait 1'unité temporelle minimale constituant notre vie ; c'est 1'esprit en son instantanéité toujours renouvelée.

30 Jushi hibo, shisu feibang. Hibo, feibang la clef chinoise du caractère est la parole, généralement le sens donné à ce mot est calomnie, diffamation, critique. Dans la terminologie bouddhique on trouve le terme hobo, bangfa, le dénigrement de la loi, de sens et prononciation assez proche. Pourtant dans l’énumération que nous avons ici, les actions évoquées ne sont pas toutes ce que le bouddhisme appelle des actes vocaux, notamment l’attachement aux désirs ou le manque de discernement. Probablement, néanmoins la parole reste un révélateur et un vecteur de ces actes. Nous pouvons penser, toutefois, que ce sont quatorze actes mentaux opposés à l'esprit du Sutra du lotus. Ils apparaissent dans le cinquième volume du Fahua wenjuji, Notes sur les phrases et les mots de la fleur de la loi, du Chinois Zhanlan (717-782), courant Tiantai. Il s'agit selon cet auteur des quatorze causes du mal, à savoir l'orgueil, l'indolence, l'égocentrisme, la superficialité, l'attachement aux désirs, le manque de discernement, l'incroyance, le refrognement, le doute, la médisance, le mépris du bien, la haine du bien, la jalousie envers le bien et le ressentiment à l'égard du bien.

31 Ces deux vers apparaissent vers la fin du deuxième chapitre du Sutra du lotus (p 90 Sutra du Lotus traduction Jean-Noël Robert, Fayard 1997, p 190 Myohorenguékyo Taisekiji han 1955).

32 Hoshi bon, Fashi pin. X° chapitre du Sutra du lotus. Dans ce chapitre, le Bouddha enseigne qu’après sa disparition, ceux qui prêcheront le Sutra du lotus sont des bodhisattva qui ont déjà réalisé l’éveil suprême mais qui par pitié pour les êtres ont fait vœu de renaître parmi eux. Dès lors les calomnier ou leur nuire est une faute grave. le Bouddha déclare également que parmi tous les enseignements le Lotus est difficile à croire et à comprendre. Plus méritants donc seront ceux qui vénèrent ce sutra et ceux qui le prêchent rempliront les fonctions du Bouddha, ils sont les maîtres de la loi.

33 Je n’ai pas trouvé ce passage dans le chapitre en question, souvent des parties de phrases assez approchantes, mais jamais cette citation intégrale.

34 Extrait du dernier chapitre du Sutra du lotus, Exhortation du bodhisattva Sage Universel. p 392 Sutra du Lotus traduction Jean-Noël Robert, Fayard 1997, p 671 Myohorenguékyo Taisekiji han 1955.


35 Ken hoto bon, jian baota pin. XI° chapitre du Sutra du lotus. Dans ce chapitre, une pagode merveilleuse apparaît flottant dans l’espace face au Bouddha. De l’intérieur une voix résonne qui approuve ce que Shakyamuni vient d’enseigner. Celui-ci explique qu’il s’agit d’un bouddha décédé il y a fort longtemps et dans un autre univers qui avait fait le serment que partout où le Sutra du lotus serait enseigné sa pagode de reliques apparaîtrait pour valider cet enseignement. On veut voir Maints Trésors, mais Shakyamuni annonce que celui-ci a également fait vœu, si l’on désirait le voir, d’apparaître avec ceux qu’il a enseigné en son temps et qui maintenant sont devenus des bouddha dans différents univers. Devant l’insistance de son auditoire, Shakyamuni, usant de ses pouvoirs, prévient ces bouddha qui partent pour notre monde. Ce faisant, notre monde se transforme, se purifie et se magnifie de façon miraculeuse. Quand toute l’assemblée a pris place, le Bouddha ouvre la porte de la pagode et l’on voit le corps de Maints Trésors comme en concentration (en fait il est mort depuis longtemps) et sa voix résonne. Shakyamuni s’asseoit à côté de Maints Trésors et élève dans les airs, où se tient la pagode, toute l’assemblée et demande qui sera capable dans le futur de propager le Lotus dans le futur. Il prévient de l’extrême difficulté de cette entreprise mais ceux qui le feront pourront contempler les deux bouddha réunis dans le précieux stupa.

36 Taho, Duobao, Prabhutaratna. Bouddha du passé apparaissant essentiellement dans le XI° chapitre du Sutra du lotus. Selon son vœu, il apparaît, dans son stupa, pour attester la validité de l’enseignement au moment de son exposition (cf note Chapitre du Précieux stupa).

37 Sammi bo. Ses dates ainsi que de nombreux éléments de sa biographie sont assez incertains. Dans les écrits de Nichiren il apparaît également sous les appellations Sammi ko ou Sammi dono. Encore que certains se demandent si c’est une même personne car Sammi désigne un grade de fonctionnaires, ceux du troisième rang. Son nom bouddhique était Nichigyo. Il était originaire de la province se Shimosa dans le département actuel de Chiba. Peut-être était-il un disciple laïc de Soya Kyoshin. Parmi les premiers disciples de Nichiren, il semblait avoir des qualités exceptionnelles. Il aurait étudié au mont Hiei, centre du Tendaï. Toutefois, à plusieurs reprises, Nichiren lui a reproché son manque de fermeté. En 1277 il défait un prêtre érudit du Tendaï dans un débat et aide Nikko dans ses activités de propagation dans la région du mont Fuji. Mais il prend de la distance vis-à-vis du mouvement nichireniste et ne semble pas toujours très fiable. Dans un traité (Shonin gonan ji) Nichiren déplore sa lâcheté et regrette de ne pas l’avoir tancé plus sérieusement de crainte qu’on le croie envieux du savoir de Sammi. Selon certaines sources, il serait mort en 1279. Il y aurait eu un autre moine Sammi, de son nom bouddhique Nisshin et il est possible qu’il y ait quelques confusions entre les éléments se rapportant à chacun d’entre eux.

38 Phrase apparaissant dans le Sutra du nirvana. Il s’agit du premier des quatre appuis de la loi (ho shie, fa siyi) décrit dans le Sutra du nirvana. Recommandations finales du Bouddha pour les générations futures, il s’agit de quatre couples d’adjonctions qui énumèrent, à chaque fois, ce sur quoi le pratiquant du bouddhisme peut s’appuyer avec confiance. Il s’agit :

  1. L’enseignement et non pas l’enseignant (Eho fu ejin, yifa bu yiren, selon la loi et non la personne),

  2. Le sens de l’enseignement et non pas la forme (egibuego, yiyi bu yiyu, selon la signification et non les mots),

  3. La sagesse et non les notions communes ( Echi fu eshiki, yizhi bu yishi, selon la sagesse et non les jugements) et enfin

  4. Les sutra achevés et fondamentaux et non les sutra provisoires (Eriogikyo fu efuryogikyo, yiliaoyijing bu yibuliaoyijing, les sutra aux sens définitifs et non les autres).

Ces recommandations sont d’une grande justesse et l’on ne peut que déplorer que le monde bouddhique ne les ait pas toujours suivis, privilégiant parfois l’attachement à tel ou tel maître au détriment de la connaissance de la loi bouddhique, le formalisme au détriment de la compréhension, la sagesse des nations au détriment de la spiritualité voire les textes équivoques au détriment des textes fondamentaux.

39 Sessen, xueshan. L’expression désigne probablement l’Himalaya où beaucoup de hauts sommets sont recouverts de neiges éternelles.

40 Sessen doji, xueshan tongzi également connu sous le nom de sessen daïshi, xueshan taishi, Sage des Monts enneigés. Incarnation ancienne du bouddha Shakyamuni lorsqu’il pratiquait les austérités de bodhisattva et qui est contée dans le Sutra du nirvana.

41 Kosen, Huangquan. Dans les systèmes de correspondance traditionnels des Chinois, à l’élément terre est associée la couleur jaune. Peut-être d’ailleurs, l’origine de cette notion vient-elle de l’observation de l’environnement. Le limon que charrie le Fleuve Jaune lui donne sa couleur. Les Sources Jaunes évoquent donc des sources souterraines qui seraient le séjour des morts.

42 Shaba, suopo, saha. Monde qui est le nôtre et dont le centre, selon la cosmologie indienne traditionnelle, est constitué par le mont Sumeru. Les êtres qui y vivent endurent toutes sortes de difficultés et souffrances du fait de leurs actes antérieurs qui ont amené leur naissance en ce monde. Littéralement Saha signifie endurance.

43 Kaïro doketsu, jielao tongxue. Citation extraite du Livre des odes, l’un des grands classiques chinois les plus anciens, qui rassemble un grand nombre de poésies et dont la compilation aurait été effectuée par Confucius lui-même. Cette citation symbolise la solidité des liens conjugaux. Dans le texte, Nichiren écrit les deux premiers caractères (kaïro : vieillir ensemble) avec un homonyme qui désigne la crevette. Il introduit ainsi l’exemple de cette sorte de crevette dont les couples vivent, le mâle accroché à la femelle, et dont l’empreinte dans le sable symbolise la fidélité conjugale.

44 En o, Yuan yang. Couple de canards mandarins. Expression formée de deux caractères Yuan et yang. Le premier désigne le canard mandarin mâle et le second la femelle. Dans la culture chinoise, ces oiseaux symbolisent le bonheur conjugal.

45 Enma, Yanmo, Yama. Maître de l’enfer ou du monde des esprits affamés, repris par le bouddhisme dans la mythologie indienne. Fils de Vivasvan, le Soleil, qui est la mesure du temps, Yama est également le temps et la mort. Avec sa sœur jumelle Yami, ils auraient été les premiers êtres à mourir devenant ainsi les maîtres des séjours infernaux.

46 Sangai, sanjie. Système de classification issu de la cosmologie indienne et constitué du monde du désir, du monde de la forme et du monde du sans-forme. Cette triade recoupe les six premiers mondes de la théorie des dix mondes.
- Le monde du désir (yokkaï, yujie, kama dhatu) comprend la terre avec, au-dessous, les enfers et, au-dessus, les cieux. Il inclut les cinq premiers mondes (mondes de l'enfer, des esprits affamés, des animaux, des
asura et des hommes), ainsi qu'une fraction du monde du ciel : celle allant jusqu'au sixième ciel, au sommet duquel trône le redoutable Roi-démon du sixième ciel (daïrokuten mao, diliutian mowang), qui maintient les êtres dans 1'asservissement du désir et dans 1'espoir de la réalisation des espérances ;
- Le monde de la forme (shikikaï, sejie, rupadhatu) comporte quatre étages correspondant aux quatre étapes du recueillement. Il recoupe la fraction du monde du ciel comprise entre le septième et le vingt-quatrième ciel. Les êtres qui y vivent se sont éveillés à la structure réelle des choses et se sont départis de 1'aveuglement que crée 1'attachement entre objet et sujet du désir ;
- Le monde du sans-forme (
mushikikai, wusejie, arupadhatu) comprend quatre modes d'existence. Il recoupe la fraction du monde du ciel comprise entre le vingt-cinquième et le vingt-huitième (et dernier) ciel. Au-delà de la forme reste la conscience en un état de recueillement profond et merveilleux. Par le fait, les êtres de ce monde-là sont dits " sans forme " et se sont grandement dégagés de la loi causale.


47 Jakkodo, jiguangtu. Abréviation de " Terre de la lumière toujours paisible ". Quatrième parmi les quatre sortes de terres bouddhiques définies par l'école Tiantai. C'est la terre véritable des bouddha où existe le corps du dharma. Sa particularité est d'être perpétuellement baignée d'une douce clarté. Sur ces quatre terres et leur relation avec les trois derniers des dix mondes cf. le traité de Nichiren Le principe d'Une pensée trois mille dans Devenir le Bouddha éditions Arfuyen 1993.


48 Jippodo, shibaotu. Abréviation de " Terre de la rétribution vraie sans obstacle ni entrave ". Troisième parmi les quatre sortes de terres définies par 1'école Tiantai : celle ou vivent les bodhisattva qui ont pratiqué et réalisé 1'ascèse dite de " la contemplation de 1'aspect réel de la voie du milieu ".


49 Taïshaku, Dishi, Indra. Dans la mythologie indienne, roi des dieux. Il possède l’usage du tonnerre, de l’éclair, du vent et de la pluie. Incorporé par le bouddhisme comme divinité tutélaire. Assisté de quatre grands rois du ciel, il règne depuis le sommet du mont Sumeru sur les trente trois cieux.

50 Bodaïshin, putixin. Esprit d’éveil. On trouve comme équivalent Esprit de la voie suprême (mujodoshin, wushangdaoxin). Disposition d’esprit qui porte à rechercher l’éveil et la loi bouddhique. Pratique qui vise à produire une telle disposition d’esprit.

51 Indra met le Garçon à l’épreuve en tentant de le flatter.

52 Bonten, Fantian, Brahma. Dieu suprême du panthéon brahmanique. Repris par le bouddhisme comme divinité protectrice, il règne sur le premier des quatre recueillements du monde de la forme.

53 Shidaïtenno,sidatianwang. Quatre rois deva de la mythologie indienne. Placés sous les ordres d’Indra, chacun d’entre eux se tient sur l’un des quatre versants du mont Sumeru et est le seigneur de deux des huit classes d’êtres fantastiques (hachibukishu, babuguizhong). Dans le premier chapitre Prologue du Sutra du lotus, ils viennent assister au prêche du Bouddha et dans le vingt-sixième, Formules détentrices (dharani), ils jurent de protéger le pratiquant du Lotus.

Ces quatre dieux-rois sont :

Jikoku tenno, Chiguo tianwang, Dhrtarastra devaraja, Roi céleste Gardien du Pays. Divinité protectrice de l’orient, il réside au quatrième degré du mont Sumeru et est le maître des gandharva (centaures) et des pisaca, sorte de démons émaciés.

Zocho tenno, Zengzhang tianwang, Virudhaka devaraja, Roi céleste Accroissement. Divinité protectrice du sud, il réside au quatrième degré du mont Sumeru et est le maître des kumbhanda, démons à tête de cheval, et des preta, revenants faméliques (gakki, les habitants du deuxième monde, les esprits affamés).

Komoku tenno, Guangmu tianwang, Virupaksa devaraja, Roi céleste Vaste Regard. Divinité protectrice de l’occident, il réside sur le versant occidental du mont Sumeru et est le maître des dragons et des putana, êtres assez proches des preta mais d’une condition encore pire. La puissance de son pur regard lui permet de surveiller les êtres du Jambudvipa.

Tamon tenno, Duowen tianwang, Vasraivana devaraja, également appelé en japonais Bishamontenno, c’est sous ce nom, translittération chinoise du sanscrit, qu’il figure, en haut à gauche, sur le honzon de Nichiren. Roi céleste Grande Ecoute. Divinité protectrice du nord, il réside au quatrième degré du mont Sumeru et est le maître des yaksha (silènes) et des raksasa démons épouvantables et anthropophages.

On peut être surpris par la constitution des troupes de ces rois célestes. Alors qu’eux-mêmes sont représentés sous une apparence majestueuse leurs féaux sont des espèces, souvent hybrides, participant de plusieurs règnes à la fois, humains, animaux, esprits. Ces débuts de la formation de l’imaginaire bouddhique et de ses appropriations de notions de la mythologie indienne correspondent également à l’émergence des grandes épopées guerrières indiennes tels le Mahabaratha ou le Ramayana. Aux yeux de l’époque, outre l’aspect fantastique et symbolique, la présence dans les troupes des rois célestes de ces classes d’êtres non humaines, devait renforcer le caractère redoutable et la puissance de leurs armées. Pour les traductions que j’ai indiquées telles que centaures ou silènes, on peut se reporter au glossaire du Sutra du lotus dans la traduction de Jean-Noël Robert.


54 Jippo,shifang. Les dix directions sont le nord, le sud, l’est, l’ouest, le nord-ouest, le nord-est, le sud-est, le sud-ouest, le zénith et le nadir.

55 Hoza, fazuo. Lieu où s’assoit celui qui enseigne la doctrine bouddhique.

56 Nehangyo, niepanjing, nirvanasutra. On distingue deux types de Sutra du Nirvana. Les uns ressortissent du Grand Véhicule et les autres du Petit Véhicule.

Pour le Grand Véhicule, il existe quatre versions du Sutra du nirvana traduites en chinois. Parmi elles, deux versions sont intitulées Sutra du grand nirvana (Daihatsu nehangyo, Daban niepanjing, Mahaparinirvana sutra). Parfois abrégé en japonais sous la forme de Daïkyo (" Grand sutra "). Ces textes sont censés rassembler les derniers enseignements que le Bouddha Shakyamuni exposa juste avant son extinction : Pérennité des corps du Bouddha, quatre vertus du nirvana (pérennité, bonheur,ego, pureté), nature de bouddha commune à tous les êtres.

Pour le Petit Véhicule, il existe trois versions du Sutra du nirvana traduites en chinois. Parmi elles, une est intitulée Sutra du grand nirvana (Daihatsu nehangyo, Daban niepanjing, Mahaparinirvana sutra). Nous y trouvons la relation des derniers moments du Bouddha et les dispositions à prendre après son décès quant à ses reliques.


57 Shukke, chujia, pravrajita. Religieux par opposition à laïc (zaïke, zaijia), le terme désigne l’état de ceux qui ont quitté leur famille, abandonné leurs fonctions sociales pour se consacrer à la vie religieuse.

58 hosshi, fashi, dharma bhanaka. A l'origine, moine connaisseur de la doctrine, capable de l'enseigner et se livrant à une pratique exemplaire. Par la suite le terme a désigné un rang élevé de la hiérarchie des moines voire un titre honorifique.


59 Shakumon, jimen. Shaku signifie étymologiquement « la trace », par exemple celle laissée par les pattes d’un animal sur la neige. Shakumon c’est la trace de la doctrine, la doctrine empruntée, laissée dans les quatorze chapitres qui constituent la première moitié du Sutra du lotus et qui vont du chapitre I, Prologue, au chapitre XIV,Pratique commode. Egalement traduit par « partie dérivée ». On dit également que le bouddha qui apparaît dans la doctrine empruntée est le « bouddha d’emprunt » shakubutsu, jifo ; c’est-à-dire, dans cette optique, le bouddha historique Shakyamuni. Dans les quatorze chapitres de la doctrine empruntée, l’identité du bouddha est comparable à celle d’autres sutra. En gros, le Bouddha révèle dans la doctrine empruntée - qu’il va enseigner la loi inouie jusqu’alors du lotus,

Toutes ces nouvelles révélations sont possibles sous l’identité du bouhha historique. Par contre dans la Doctrine originelle, le Bouddha manifeste une identité autre dont celle de la doctrine empruntée n’est qu’une manifestation, un reflet.

60 Extrait du treizième chapitre du Sutra du lotus, Exhortation à la sauvegarde. p 247 Sutra du Lotus traduction Jean-Noël Robert, Fayard 1997, p 443 Myohorenguékyo Taisekiji han 1955.


61 Honmon, benmen. Littéralement, hon : origine ; mon : portail que l’on doit franchir pour recevoir un enseignement. Doctrine enseignée dans les quatorze chapitres qui constituent la seconde moitié du Sutra du lotus et qui vont du chapitre XV, Surgis de la terre, au chapitre XXVIII, Exhortation du bodhisattva Sage Universel. Egalement traduit par « partie originelle». Le Bouddha qui se manifeste dans les quatorze chapitres de la doctrine originelle est dit le bouddha « originel ». Dans le premier chapitre de la doctrine originelle, le chapitre XV, Surgis de la terre, devant le nombre immense de boddhisatva qui jaillissent de la terre et qui auront à propager la loi du Lotus dans notre monde, Maitreya se demande qui a bien pu enseigner un si grand nombre de bodhisattva. Shakyamuni lui disant que c’est lui-même, Maitreya est incrédule car il faudrait des millions d’éons pour ce faire. Dans le chapitre XVI, la Longévité de l’Ainsi Venu, le Bouddha révèle son secret, « Cela fait un nombre inconcevable d’âges cosmiques que je suis devenu Eveillé. » L’auditoire est troublé parce que cette révélation bouleverse la vue que l’on avait de l’identité du Bouddha. Ce n’est plus celui qui a pratiqué diverses ascèses dans des vies antérieures puis qui dans cette existence-ci, a réalisé l’éveil. Il s’agit d’un bouddha à l’éveil beaucoup plus lointain dans le passé d’où le terme originel.



62 Extrait du seizième chapitre du Sutra du lotus, Longévité de l’Ainsi Venu. p 283 Sutra du Lotus traduction Jean-Noël Robert, Fayard 1997, p 507 Myohorenguékyo Taisekiji han 1955.



63 Ryosen,lingsan. Abréviation de ryojusen, lingjiusan le Mont sacré du vautour.


64 Hokaï, fajie, dharma datu. Espace qui contient les dharma.

65 Yatsu no michi. Les huit voies, octuple sentier ou chemin aux huit branches, relèvent du tout premier enseignement du Bouddha. Elles constituent la dernière des quatre vérités saintes exposées par Shakyamuni dans son premier sermon au Parc aux daims après qu’il ait atteint l’éveil.

Ces quatre vérités sont :

Cette dernière vérité de la voie s’explicite comme suit :

66 Shi shu no hana. Ces quatre fleurs sont le lotus blanc (mandara), le grand lotus blanc (maha mandara), la fleur céleste blanche (manjushaka) et la grande fleur céleste blanche (maha manjushaka). D’un point de vue botanique, je ne crois pas que le manjushaka soit identifié ; il s’agirait d’une fleur de petite taille.

67 Jo raku ga jo, chang yue wo jing. Cette expression présente deux sens radicalement différents. A l’origine, il s’agit de la quadruple erreur que commet l’homme ordinaire : il prend pour éternel ce qui est impermanent, pour du bonheur ce qui n’est que douleur, pour des êtres spécifiques ce qui est dépourvu de nature propre et pour pur ce qui ne l’est pas.

Il s’agit également des quatre vertus du nirvana : il est immuable (pérennité), il est au-delà des deux douleurs – la première, maladie et angoisse, la seconde, celle qui est causée par autrui, (bonheur), il est pleinement indépendant (ego) et il a épuisé les trois sortes d’égarement (pureté).

Ces deux définitions divergentes se rejoignent dans l’identité du samsara et du nirvana. Cf. commentaire Réponse au moine Abutsu à propos des quatre sceaux de la loi.


68 Kenji ninen.1276. L’année est également donnée selon les combinaisons de l’ancien calendrier chinois en utilisant le cycle sexagésimal. Ici il s’agit de la treizième période, combinaison du tronc  hinoë (bing en chinois) avec le rameau ne (zi). Ce qui doit correspondre à l’année du bœuf.


69 Signature Kao (monogramme fleuri).