Canon des Écritures en douze parties


十二部經
 
 






Forme de recension des écrits bouddhiques liés au bouddha Shakyamuni où les différents textes du canon se voient classés en douze rubriques selon le type d’écrits ou la forme littéraire employée.


Ces douze rubriques sont :

1. Sūtra, transcription chinoise : 修多羅 (xiūduōluó), traduction chinoise : 經 (jìng, kyō). À l’origine désigne un fil, un cordon puis dans le monde brahmanique un cordon sacré (anantasūtra) puis un aphorisme et ensuite un recueil d’aphorismes, un livre canonique. Chose amusante, il semblerait que le latin sutura qui a donné le mot français 'suture' vienne de là. En chinois la clef du caractère est le fil (糸), il désigne la trame d’un tissu et par extension, ce qui passe, vertical, un chemin, une règle et d’autres sens encore. Presque tous les livres canoniques sont désignés par ce caractère, par exemple le Daode jing (道德經), Livre de la Voie et de sa vertu ; et bien sûr, tous les sūtra bouddhiques. Dans le bouddhisme, les sūtra sont les récits des prêches du Bouddha.

2. Geya, transcription chinoise : 祇夜, traduction chinoise : 應頌. Ode, chant de célébration.

3. Gāthā, transcription chinoise : 伽陀, traduction chinoise : 諷頌. En sanskrit il s’agit d’un hymne, d’une stance lyrique et c’est bien le sens qui est attribué dans les textes bouddhiques en chinois. Le gāthā reprend souvent dans les sutra un passage venant d’être énoncé par l’un des interlocuteurs qui d’un coup s’exprime en vers. Outre les possibilités mnémotechniques de ce procédé, rappelons qu’avant d’être écrite toute cette littérature était récitée, le gāthā permet au texte d’accéder à une dimension poétique et de synthétiser la teneur du texte. Généralement traduit par stances (cf. stances, stances Jiga).

4. Nidāna, transcription chinoise : 尼陀那, traduction chinoise : 因緣. Vient de nidā : ce qui est lié, d’où les sens de cause, origine voire même symptôme. Dans le contexte bouddhique les Chinois ont traduit yīnyuán (因緣, innen) : cause-condition. En fait, dans ce contexte des douze parties du canon, il s’agit de textes qui ont été ajoutés pour une raison spécifique : question, controverse, évènements ou autres.

5. Itivṛttaka, transcription chinoise : 伊帝曰多伽, traduction chinoise : 本事, récit édifiant racontant à titre d’illustration les faits du Bouddha ou d’un grand disciple.

6. Jātaka, transcription chinoise : 闍多伽traduction chinoise : 本生. Vient de jāta : né, produit engendré. Récit édifiant d’une existence antérieure du Bouddha et qui explique une situation présente : liens avec certains disciples ou opposants etc. Dans le même temps ces récits populaires permettent d’enseigner par des exemples très imagés la loi de causalité. On trouve plusieurs traductions en français de ces jātaka.

7. Adbhuta dharma, transcription chinoise : 阿浮達磨, traduction chinoise : 未曾有. En chinois : qui n’a jamais eu lieu (jusqu’à présent). Faits miraculeux ou surnaturels.

8. Avadāna, transcription chinoise : 阿波陀那, traduction chinoise : 譬喩. En sanskrit conte édifiant, allégorie, puis en chinois parabole.

9. Upadeśa, transcription chinoise : 優婆提舍, traduction chinoise : 論議. Instruction, conseil sur un point spécifique ou un thème de la doctrine souvent présentés sous une forme de questions / réponses.

10. Udāna, transcription chinoise : 優陀那, traduction chinoise : 自說. Étymologie sanskrite assez imagée, vient de ud (haut) + āna (exhalaison) : expectoration. Les traducteurs chinois ont bien aplani en disant 自說 (zìshuō, jisetsu) : récit spontané du Bouddha, c’est-à-dire qui ne répond ni à une question ni aux circonstances.

11. Vaipulya, transcription chinoise : 毘佛略, traduction chinoise :方廣. Exposé de doctrines qui amènent un élargissement des vues, peut-être mis en relation avec la période de déploiement parmi les cinq enseignements.

12. Vyākaraṇa, transcription chinoise : 和伽羅那, traduction chinoise : 授記. En sanskrit le sens est révélation et en chinois plutôt annonciation. Paroles du Bouddha qui prédisent à un disciple son futur éveil, le nom qui sera le sien, son rôle en tant qu’éveillé, la durée de son ‘règne’ etc. Plusieurs chapitre du Lotus comportent ce genre de description notamment les chapitres VI, VIII et IX.

Comme on le voit, il s’agit d’un classement multi-critères qui prend en compte à la fois la forme littéraire et le contenu. Dans un même sūtra, certaines parties pourraient ressortir à différentes catégories parmi ces douze rubriques.

 

 
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