Hei no Yoritsuna, les enjeux du pouvoir











  Hei no Yoritsuna 平頼綱 ( ? – 1293) : également appelé Taïra no Yoritsuna, Heï no saëmon dono jo no Yoritsuna. Fils du général Taïra no Sakadoki(平盛時). Noble japonais, haut fonctionnaire qui, durant la deuxième moitié du XIIIe siècle, a servi successivement deux régents de la famille Hojo, Tokimune et Sadatoki (cf. Les ères au Japon au XIIIe siècle). Il a le titre de jo (尉, une des classes des fonctionnaires du quatrième rang), garde de gauche des portes (左衛門の尉, saemon no jo).






  Il est le vassal de Hojo Tokimune et, en tant que vice intendant du bureau des guerriers (cf. Bakufu, samuraï dokoro, 侍所) il est également en charge d’affaires qui sont liées avec les affaires militaires, la police voire même les affaires d’état. C’est donc un haut fonctionnaire qui intervient dans différents domaines du pouvoir de la régence.






  Lorsqu’en 1284 Hojo Sadatoki accède à la régence, il est nommé au poste de Chef des serviteurs de la maison du régent (naikanreï). Son pouvoir s’accroît et son d’influence semble supplanter celle du régent. Yoritsuna est arrivé au summum de son pouvoir. Mais la première année de l’ère Einin (1293), il est condamné par Sadatoki pour rébellion et exilé à Sado, son clan est anéanti.






  Les relations de Heï no Yoritsuna avec Nichiren ont toujours été antagonistes. Yoritsuna, de par ses fonctions ses goûts et son rang était lié avec des dignitaires religieux comme le prêtre Ryokan, par exemple. Il devait mal comprendre pourquoi un moine de basse extraction comme Nichiren semait le trouble et demandait à être confronté à des célébrités reconnues du monde religieux et intellectuel. De plus, les prédictions de Nichiren sur une invasion étrangère, ses disciples dont beaucoup venaient de la classe des guerriers, tout cela devait lui sembler éminemment suspect. En 1268, Nichiren lui écrit pour demander à être confronté aux tenants des autres écoles. En 1271, à l’issue d’une instruction (cf. Nichiren biographie), Yoritsuna le fait arrêter, condamner à l’exil et tente même de le mettre à mort. Lorsque Nichiren revient de Sado en 1274, une dernière entrevue a lieu entre les deux hommes. Celle-ci se déroule dans un climat moins inquisiteur que précédemment mais rien n’en sort. Quelques années plus tard, en 1279, Heï no Yoritsuna prête une oreille attentive aux accusations de Gyochi (cf. Atsuhara) qui amènent l’instruction à Kamakura des gens de Atsuhara et finalement l’exécution de trois d’entre eux. Heï no Yoritsuna aura été un persécuteur récidiviste de Nichiren et de ses croyants. Comme beaucoup de ceux qui détiennent l’autorité, il ne comprenait pas que quelqu’un qui ne possède ni titre ni fortune puisse prendre la parole. Sans doute préoccupé de sa propre carrière, il a également voulu conforter les autorités religieuses et maintenir l’ordre existant. Heï no Yoritsuna était probablement un politique ambitieux. Jusqu’à son échec, son parcours a été volontariste et réussi et pour lui, quelqu’un comme Nichiren, qui se réclamait d’une autorité autre que celle du système, ne pouvait représenter qu’une source de troubles dans le jeu politique ordinaire, d’où la brutalité de ses réactions. Parvenu au faite de sa puissance, il a inquiété la régence qui a décidé de l’écraser.

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