Pratique personnelle et adaptation à autrui
dans les écrits de Nichiren




  Parmi les lettres et traités de Nichiren, c’est dans le traité l’Infirmation et la confirmation que les bouddha des trois phases jugent bon d’effectuer au sein du corps des enseignements (三世諸佛総勘文教相廢立, Sanze sho butsu sokanmon kyoso hairyu) qu’il s’explique le plus longuement sur sa conception de la pratique personnelle et de l’adaptation à autrui ainsi que sur les relations entre les deux concepts de cette expression. Toutefois, il use de cette expression dans deux autres textes également : la Merveille de la cause originelle (Honnin myo sho) et le Mandat des trois grandes lois ésotériques (三大秘法禀承事, San daï hiho bonjo ji). Examinons le sens que cette expression revêt dans chacun de ces deux textes et nous reviendrons sur l’Infirmation et la confirmation que les bouddha des trois phases jugent bon d’effectuer au sein du corps des enseignements pour lequel nous avons déjà donné le sens dans l’article du dictionnaire.


Pratique personnelle et adaptation à autrui dans la Merveille de la cause originelle.

  Dans ce traité Nichiren cite la pratique personnelle et l’adaptation à autrui comme étant l’un des éléments du système des quatre identités et des six différences (shido rokuï). Ce système, développé par Saïcho (767-822) est un comparatif qui vise à dégager les similitudes et les divergences d’interprétations entre deux ouvrages fondamentaux des débuts de l’école Tiantai en Chine : le Fahua xuanyi (Sens occulte de la fleur de la loi ) et le Fahua wenju (Mots et phrases de la fleur de la loi ). Ces deux traités ont été rédigés par Guanding (561 – 632) pour conserver les enseignements de son maître Zhiyi (538 – 597) sur le Sutra du lotus. Pour plus de détails, on se reportera à l’article du dictionnaire quatre identités et des six différences, mais disons en gros, dans le cadre de cette étude, le Fahua xuanyi (Sens occulte de la fleur de la loi ) développe la notion de la pratique personnelle alors que le Fahua wenju (Mots et phrases de la fleur de la loi ) vise davantage l’adaptation à autrui.


Pratique personnelle et adaptation à autrui dans le Mandat des trois grandes lois ésotériques.

  Citons l’extrait de ce traité où l’expression pratique personnelle et adaptation à autrui apparaît :
"Il y a deux significations au Titre, l’une est liée aux ères de la loi juste et de la semblance de la loi, et l’autre à la fin de la loi. Durant l’ère de la loi juste, les bodhisattva Vasubandhu et Nagarjuna prononcèrent le Titre mais il ne s’agissait là, strictement, que d’une pratique personnelle. Pendant la semblance de la loi, Nanyue, Tiantai et d’autres eurent aussi pour pratique personnelle la récitation du Titre Namu Myohorenguékyo, mais ils ne l’enseignèrent pas amplement aux autres. C’était la pratique théorique de Titre. Maintenant que nous sommes entrés dans la fin de la loi, la récitation du Titre à laquelle se livre Nichiren est bien différente de celles des époques passées. C’est Namu Myohorenguékyo de la pratique personnelle et de l’adaptation à autrui" (Showa Teïhon p. 1864).
Dans ce texte l’acception semble plutôt proche du perfectionnement personnel et celui d’autrui (自利他利, jiri tari, zili tali). Il insiste surtout sur l’aptitude à propager à autrui le Titre du Lotus qui selon Nichiren n’avait pas été accordé à ces prédécesseurs des époques passés (cf. fin de la loi).

  Ainsi dans les trois écrits de Nichiren où figure l’expression bouddhique pratique personnelle et adaptation à autrui ce n’est que dans le Mandat des trois grandes Lois ésotériques que le sens le plus usuel peut être admis. Dans la Merveille de la cause originelle, il se réfère au système comparatif de Saïcho, les quatre identités et les six différences. Dans son traité l’Infirmation et la confirmation que les bouddha des trois phases jugent bon d’effectuer au sein du corps des enseignements, nous trouvons de sa part l’explication la plus fournie de la perception qu’il avait de ce principe et une acception qui lui est propre.

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