Saicho et l'implantation du Tiantai au Japon



  Saïcho est né en 767 dans la province d’Omi. Son père appartient à une lignée qui serait issue des descendants d’un empereur chinois et sa mère est issue du puissant clan des Fujiwara. Très jeune il fait preuve de qualités intellectuelles qui poussent ses parents à le confier aux religieux du monastère Daïanji (大安寺) qui l’initient aux doctrines du Rien que conscience et probablement à ce que l’on savait du Tiantai à cette époque au Japon.

  Il est ordonné en 785 au Todaiji à Nara. Il se construit un ermitage sur le mont Hiëi, colline située au nord-est de Kyoto. En l’espace de quelques années sa renommée croît et son ermitage se transforme en temple. En 794, l’empereur Kanmu vient y assister à une cérémonie. Saïcho est nommé chapelain impérial. Quatre ans plus tard, il inaugure une série de conférences sur le Sutra du lotus (connues sous le nom de Décades du Lotus, 法華十講, Hokke juko) qui contribuent grandement à la propagation et la compréhension de ce sutra par l’aristocratie et le haut clergé.

 Il adopte l’interprétation et les systèmes de Zhiyi (538 – 597) dont il expose les principaux ouvrages. Toutefois, il déplore que la pensée des maîtres du Tiantai n’ait pas été pleinement transmise au Japon et il adresse une requête à la cour impériale pour combler cette lacune. Sa demande est acceptée et il peut se joindre à une mission diplomatique en partance pour le continent. Il arrive en 804. Il étudie auprès de Daosui 道邃, septième patriarche du Tiantai et disciple direct du maître Zhanlan (711 – 782) puis d’un autre de ses disciples, le religieux Xingman 行満 (dates imprécises). Ce maître fonde de grands espoirs dans les aptitudes et la personnalité de Saïcho qui avait alors trente-sept ans, il lui prodigue encouragements et connaissances. D’autres maîtres réputés participent également à la formation de ce disciple étranger. Il acquiert la quadruple transmission shiju sojo 四種相承 (Tiantai, chan, mystères et préceptes).

  Il revient au Japon en 805 avec une ample moisson de textes et d’objets bouddhiques. En 806 il obtient l’autorisation d’ordonner deux moines par an, inaugurant ainsi l’école japonaise du Tendaï. Il fonde un temple où les religieux se relaient pour réciter le Lotus. Il rencontre également l’autre célébrité bouddhique de son époque, Kukaï, qui était également parti pour la Chine dans la même mission que lui (ils n’avaient pas voyagé ensemble toutefois). Les deux moines nouent tout d’abord des relations cordiales qui se gâteront assez rapidement. Il voyage ensuite dans le sud puis dans l’est du Japon où il fonde des temples pour la récitation du Sutra du lotus et des lieux d’asiles.

  De retour en 816 au mont Hiëi, il tente d’obtenir de la cour l’autorisation de fonder une estrade d’ordination (戒壇, kaïdan). Les disputes avec les anciennes écoles de Nara sont âpres et il écrit plusieurs traités. Il meurt en 822 sans avoir vu exaucé son vœu d’établissement d’une estrade d’ordination. L’autorisation sera finalement accordée peu après.

  La pensée de Saïcho a marqué non seulement l’école qu’il a fondée mais la culture japonaise. Il a amené au Japon, le syncrétisme du Tiantai sous une forme assez harmonieuse et en a développé toute l’exégèse relative au Lotus. Toujours en se fondant sur la tradition du Tiantai il a pu enseigner les différents systèmes de distinction des enseignements (教判, kyoban, jiaopan), permettant de la sorte une vue plus synthétique du bouddhisme. Dans plusieurs de ses écrits, il est également préoccupé de la stabilité de son pays et ce en relation avec la loi bouddhique.

 Pour ceux qui lisent l’anglais, on trouve un aperçu de la prose de Saïcho, la traduction d’un traité, sur http://campross.crosswinds.net/books/Candle.html. Le livre que J.-N. Robert a consacré au disciple Gishin (réf.)[Jean-Noël Robert, Gishin et le Hokke-shu gishu, Maisonneuve et Larose, 1990] est également riche d’informations.

  Illustration : une lettre autographe de Saicho (la seule visible encore aujourd'hui) sur le site du Musée national de Tokyo. Dans le commentaire en français, en bas de page, il est évoqué quelques détails à propos du différend avec Kukai.

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