Le Bouddhisme en Chine

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Conférences données à la Maison des Marronniers à Saint-Mandé le 2 juin 2007

Présentation du cycle des conférences consacrées aux spiritualités de la Chine.

2° partie Le Bouddhisme en Chine

Rappel des grandes lignes du précédent exposé

Le bouddhisme est la principale spiritualité étrangère à s'être répandue en Chine sur une très grande échelle. Les religions monothéistes, plus tardives, n'ont pas eu un tel essort en Chine. Il faut attendre le XX° siècle pour voir une autre doctrine non-chinoise gagner la Chine : le communisme.

I Pénétration du bouddhisme en Chine

1. La Chine au début de notre ère

Passage de la Chine féodale à la Chine impériale.

Imprégnation du bouddhisme en Chine au début de notre ère .

2. Les voies de pénétration

L'une terrestre (Route de la soie), l'autre maritime contourne la péninsule indochinoise pour aboutir à Canton (Guangzhou, 廣州). Nous avons donc dès les époques anciennes, un bouddhisme du nord et un du sud.

Les principaux vecteurs de cette propagation sont les moines mendiants et, parmi les croyants laïcs, les marchands. Rappeler brièvement l'essaimage naturel dû aux communautés de moines mendiants.

II Quelques éléments de bouddhisme

1. Le Bouddha

Environ -560, issu d'une famille de kshatriya, pratique des ascèses de type yoga, système de libération du cycle de la métempsychose, fondation du sangha.

2. Eléments doctrinaux

Caratère radicalement étranger vis à vis des philosophies chinoises. Pessimisme, intérêt pour l'individu et les mécanismes psychiques.

III Les principales écoles bouddhiques chinoises et d'Extrême-Orient

1 Utilité d'une vision historique du bouddhisme

De par son mode d'enseignement qui repose depuis l'origine sur la compréhension et l'expérience humaines, le bouddhisme a produit un grand nombre de courants et d'écoles différentes. Il se présente donc sous une forme fragmentée, il n'y a pas d'église unitaire du bouddhisme. De plus, selon les aires culturelles où il s'est implanté, des traditions spécifiques se sont constituées [développer]. Il est utile d'en traiter ici car, à présent que la pensée bouddhique commence d'être connue en Occident, elle a été véhiculée essentiellement par des mouvements religieux (voire sectaires) qui se présentent volontiers comme étant chacun l'unique représentant de la tradition.

2 Ecole des Anciens et Grand Véhicule

On situe vers le début de notre ère la formation au sein de la communauté bouddhique d'une tendance philosophique spécifique dite du Mahayana ou Grand Véhicule. Du coup, la tradition vis à vis de laquelle ce courant se voulait une réforme ou une réaction s'est défini comme l'Ecole des Anciens ou Theravada (Discours des Anciens, le terme thera désignant les vieux moines). Leurs nouveaux contestaires les ont qualifié de Hinayana ou Petit Véhicule. Cette appellation est péjorative hina signifiant médiocre, obsolète, délaissé.

a) Caractéristiques de l'Ecole des Anciens (Theravada)

Idéal de l'arhat, le méritant, celui qui a épuisé les passions.

Elitisme et monachisme. Gradualisme.

Principales zones de diffusion : Inde, Sri Lanka, Birmanie, Thaïlande, Laos, Cambodge. Mais on trouve des implantations en Chine et dans les pays qui ont été influencés par la culture chinoise.

Tendance XIXe et début XXe siècles ( en Occident) de considérer le Theravada comme une sorte de boudhisme originel.

b) Le Grand Véhicule (大乘, daïjo, dasheng, mahayana)

C'est le nom que se donne l'école réformiste recherchant le salut par des méthodes plus universellement applicables que celles des écoles anciennes. A l'idéal monastique de l'arhat elle oppose celui du bodhisattva que sa compassion porte à rechercher le salut des êtres autant que le sien propre. Les écoles du Grand Véhicule se sont implantées en Chine, en Corée, au Japon, au Tibet, au Vietnam et en Mongolie.

Le Grand Véhicule entraîne la constitution de toute une littérature importante, sutra, traités [développer].

Deux tendances que nous retrouverons dans les écoles du Grand Véhicule : La prajna (sapience, sagesse, attention au(x) dharma) et la pratique du dhyana (recueillement, « concentration apaisée et introvertie1 »). Ces tendances se manifestent dans deux écoles de pensée le Madhyamika (Voie du milieu, Nagarjuna, dialectique, observation des dharma) et les Yogacarin (adeptes du yoga, Rien que conscience, Vasubandhu).

3 Les principaux courants contemporains du Grand Véhicule

1) L'amidisme : (念佛, nenbutsu, nianfo) : école bouddhique ainsi dénommée en référence au nom du bouddha Amita. Nenbutsu signifie littéralement penser (nen) au bouddha (butsu). Nom donné à la Terre Pure, école chinoise bouddhique relevant du Grand Véhicule. Selon cette école les croyants peuvent être sauvés et accéder au paradis d'Amita dès lors qu'ils prononcent son nom ou gardent ce bouddha présent à l'esprit. L'amidisme s'est répandu en Chine depuis le sixième siècle et a été le mouvement le plus populaire du bouddhisme. Les désordres du temps ont fait que beaucoup ont vu dans sa doctrine une véritable échappatoire vis-à-vis du monde et l'espoir de renaître ensuite dans la Terre Pure d'Amita. Ce bouddhisme repose essentiellement sur la notion de tariki, la force de l'autre [expliquer 4 forces] ; ce n'est que la compassion d'Amita qui peut sauver les hommes de ce monde impur. Importance de ce mouvement dans tout l'Extrême-Orient, réformateurs japonais par exemple Shinran (1173 – 1262), actif dans le nord du Japon, rejeta les règles monastiques pour s’abandonner uniquement à l’action salvifique d’Amita. Probablement le courant bouddhique le plus populaire en Extrême-Orient mais peu représenté en Occident sinon auprès des Asiatiques.

2° École de la Guirlande de fleurs (華嚴宗, Kegon shu, Huayan zhong) : école chinoise du bouddhisme fondée au VIIe siècle par Dushun et dont le système doctrinal a été développé par Facang (643-712). Cette école prône la suprématie du Sutra de la guirlande de fleurs et se fonde sur son enseignement. Nous y retrouvons une explication des phénomènes par la production conditionnée au travers d’une sorte de relativisme qui fait que ces phénomènes ne sont pour nous que tels qu’il apparaissent à l’esprit. Pour reprendre un extrait caractéristique de ce sutra "l’esprit comme un peintre talentueux trace toutes sortes de "cinq ombres". Dans tous les mondes, il n’est pas un dharma qui ne soit son œuvre. Le Bouddha est en cela pareil à l’esprit et pareils au Bouddha sont les êtres". Dans cette tendance, cette école reprend également quelques éléments de la pensée de Vasubandhu.

Tantrisme

École des Paroles Véritables (眞言宗, Shingon shu, Shenyuan zhong) : école bouddhique chinoise également connue sous le nom d'Ecole du Mystère (密宗, Mi zhong) qui relève du Grand Véhicule. Selon cette école, les secrets de l'illumination du Bouddha se seraient transmis sous la forme de dharani (formules incantatoires).

Courant tantique, influence de pratiques shamaniques. Le lamaïsme ou bouddhisme tibétain est assez proche de cette école. Quelques notions sur cette école particulière du bouddhisme. Ecole tardive (VIIIe siècle), les mariages d'un roi local avec deux princesses népalaise et chinoise entraînent sa conversion. Puis influence du bouddhisme tantrique du Cachemire. Cette forme du bouddhisme semble si diffèrente des écoles spéculatives du Grand Véhicule que ses adeptes le conçoivent comme un nouveau véhicule le Vajrayana (Véhicule adamantin ou Véhicule de la Foudre). Influence forte du nagarjunisme. Développement d'un clergé, les lama, spécialistes des choses religieuses, les laïcs eux sont un peu en marge. Expansion en Mongolie (Le grand Khan Kublai 1215 – 1294). Forte représentativité en Occident.

Lotus

Tantai :Née dans le sud de la Chine au VIe siècle, cette école tire son nom du mont Tiantai, montagne du Zhejiang où résida l'un des fondateurs Zhiyi. Réflexion sur les écritures bouddhiques. Volonté de leur trouver une chronologie, primauté du Sutra du lotus. Influence combinée du nagarjunisme et de la pratique du dhyana. Très grande capacité de synthèse. Toutes les école méditatives ont emprunté au Tiantai.

Ecole également présente au Japon où un courant original de vénération du Sutra du lotus a vu le jour :le courant de Nichiren (1222-1282).

5° Ecole du dhyana

Elle est plus connue sous son appellation japonaise 'zen' (, chan, dhyana). Le terme chinois chan est une abréviation de channa () qui est une translittération du sanskrit dhyana. Le zen est le descendant d’une école chinoise connue sous le nom de chan et qui représente un courant original du bouddhisme dévotionnel du nord de la Chine. Bodhidharma (菩提達磨, Putidamo, Bodaidaruma en japonais souvent abrégé en Daruma, dates peu précises, VIe siècle) a apporté ce courant en Chine. Originaire du sud de L'Inde (ou de la Perse), il serait parvenu en Chine par la voie maritime (ou terrestre), aurait rencontré l'empereur Wudi (武帝) des Liang du sud (南梁 ) à Nankin et ne l'aurait pas convaincu ensuite de quoi retraite au nord en royaume Wei (北魏) où il passe neuf ans en recueillement face à un mur au temple Shaolinsi (少林寺). Toujours selon la tradition de son école il se serait éteint âgé (150 ans) après avoir transmis sa doctrine à son disciple Huike (慧可, 487 - 593 ). Fortement teinté d’influences taoïstes, il s’est implanté également en Corée et au Vietnam avant que de gagner le Japon dont il a, sans doute, davantage marqué la culture qu’en Chine. Apprécié pour son immédiateté abrupte, notamment par la classe des guerriers, le bouddhisme zen a eu une influence certaine sur l’esthétique japonaise.

IV Bibliographie

René de Berval, Présence du Bouddhisme, Bibliothèque illustrée, Gallimard

Erik Zürcher, Bouddhisme, Christianisme et société chinoise, Julliard

André Bareau, En suivant Bouddha, éditions Le Félin.

Quelques traductions des sutra :

Le Sutra du Lotus, Trad. Jean-Noël Robert, Fayard

Soûtra des Dix Terres Lotus, Trad. Patrick Carré, Fayard

1In La Notion de prajna ou de Sapience selon les perspectives du Mahayana, Guy Bugault, Editions E. de Boccard, 1968.