Galerie des Gohonzon inscrits par Nichiren
 
 
 
 
#37
 
 

Date d'inscription :

2e année de Kenji (1276), 4e mois. La date est écrite en bas à gauche entre la signature - kaō de Nichiren et le roi du ciel Vaste-Regard, écrit selon la translittération du sanskrit en chinois : 毘楼博叉天王 (Biruhakushatennō) ; cf. Remarques.

Récipiendaire :

Nisshō le śramaṇa du pays du grand Japon (大日本国沙門日照之). À l'origine cette phrase était inscrite au verso du gohonzon, elle aurait été découpée puis collée là où nous la voyons aujourd'hui c'est-à-dire en bas à gauche entre le roi du ciel Vaste-Regard (毘楼博叉天王, Biruhakushatennō) et le bord. On ne peut que s'interroger sur ce type d'initiatives qui heureusement au fil des siècles n'ont pas été très fréquentes.

Phrase d'hommage :

1. Durant plus de 2220 ans après l’extinction du Bouddha, dans tout le Jambudvīpa, jamais ce grand mandala n'apparut (佛滅後二千二百二十余年之間一閻浮提之内未曾有大漫荼羅也). Phrase inscrite en bas à droite, entre la signature - kaō de Nichiren et roi céleste Accroissement.

2. Ce sūtra est en fait le bon remède pour les maux des hommes du Jambudvīpa. S’il en est qui sont atteints de maladie, s’ils obtiennent d’entendre ce sūtra, leur mal s’éteindra et il n’y aura plus vieillesse ni mort. (此經則爲 閻浮提人 病之良藥 若人有病 得聞是經 病即消滅 不老不死, MHRGK p 606, JNR p 352, Burnouf p 252). Citation provenant du chapitre XXIII du Sūtra du lotus ; sur ce gohonzon elle fait partie des citations écrites horizontalement ou obliquement à droite.

3. Les autres, ceux qui ont perdu l'esprit, voient leur père venir, ils se réjouissent à nouveau, le saluent et bien qu'ils lui demandent instamment de guérir leur mal, quand le remède leur est présenté, ils se refusent à l'avaler. (餘失心者 見其父來 雖亦歡喜問訊 求索治病 然與其藥 而不肯服, MHRGK p 503, JNR p 285, Burnouf p 195). Citation provenant du chapitre de la Longévité de l'Ainsi-venu du Sūtra du lotus ; sur ce gohonzon elle fait partie des citations écrites horizontalement ou obliquement à droite.

4. Ce beau et bon remède, je le laisse ici. Vous pouvez le prendre et l'absorber, ne vous tourmentez plus en pensant qu'il ne convienne pas. (是好良藥 今留在此 汝可取服 勿憂不差, MHRGK p 504, JNR p 285, Burnouf p196). Citation provenant du chapitre de la Longévité de l'Ainsi-venu du Sūtra du lotus ; sur ce gohonzon elle fait partie des citations écrites horizontalement ou obliquement à droite.

5. C'est comparable à l'homme aux sept enfants. Que l'un d'eux vienne à tomber malade, les parents bien qu'étant dénués de préférence se préoccupent alors surtout de lui. (譬如一人而有七子 是七子中一子遇病 父母之心非不平等然 於病子心則偏重). Citation provenant du Sūtra du nirvana ; sur ce gohonzon elle fait partie des citations écrites horizontalement à gauche.

6. Dans le monde il est trois sortes de personnes dont la maladie est difficile à guérir : ceux-là qui calomnient le Grand-Véhicule, ceux qui commettent les cinq forfaits et les icchantika. Ainsi ces trois maladies, de par le monde, sont les plus lourdes. (世有三人其病難治 一謗大乗 二五逆罪 三一闡提 如是三病世中極重). Citation provenant du Sūtra du nirvana ; sur ce gohonzon elle fait partie des citations écrites horizontalement à gauche.

Au sujet des citations 2 à 6 voir Remarques.

Ajout :

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Dimensions (cm) & nombre de lés :

133,4 x 98,5 – 8 lés.

Nom usuel :

Gohonzon des prières (祈祷御本尊).

Lieu de dépôt actuel :

Myōhokkeji, Mishima-shi.

Style :

Détaillé, avec citations écrites de façon horizontale-oblique.

Contenu scriptural :

1. Aux quatre coins du gohonzon : les quatre grands rois du ciel, leur nom inscrit selon la translittération du sanskrit en chinois, cf. Remarques en bas de page. Les deux Rois de Lumières sont à leur place habituelle : Amour à gauche et Immuable à droite.

2. Colonne centrale : Namu Myōhōrenguékyō et dessous la signature - kaō de Nichiren.

3. Étage supérieur : tous les noms des personnages sont précédés de Namu. En partant du centre à gauche : Shakamuni butsu, Jippō bunshin shobutsu : tous les bouddha du corps fractionné des dix directions (十方分身諸佛), Jōgyō bosatsu (bodhisattva Pratique-Pure), Anryūgyō bosatsu (bodhisattva Pratique-Pacificatrice).
Et à droite, toujours en partant du centre : Tahō nyorai, Zentoku nyorai, Jōgyō bosatsu, Muhengyō bosatsu (bodhisattva Pratique-Illimitée).

4. Étage médian : les noms des quatre bodhisattva et des deux grands auditeurs sont précédés de Namu.
À gauche en partant du centre : Fugen bosatsu, Yakuō bosatsu, Kashō sonja (尊者, vénérable) et autres, Indaraō (Indra), Daïgattennō (大月天, la divinité Grande-Lune), Dai Ryūō, jūni shinnō.
À droite en partant du centre : Monjushiri bosatsu, Miroku botsatsu, Sharihotsu sonja (尊者, vénérable) et autres, Daibontennō, Daïnittennō (大日天王, le roi céleste Grand-Soleil), Tenrin shō-ō (転輪聖王, les saints rois tournant les roues), Ashuraō.

5. Étage inférieur : encadrant le Titre à la hauteur du caractère ren (蓮) : à gauche les jūrasetsunyo et à droite leur mère Kishimojin.

6. Un peu plus bas, avec leur nom précédé de l'expression votive Namu, à gauche en partant du centre : Myōraku daishi, Dengyō daishi et en vis-à-vis à droite, toujours en partant du centre : Ryūju bosatsu, Tendaï daishi.

7. Et encore plus bas, à la hauteur du caractère gué (華) mais assez écarté de celui-ci, à gauche Hachiman daibosatsu et en vis-à-vis, à droite Tenshō daïjin.

Particularités graphiques :

Comme pour le gohonzon #34 le caractère pour roi est partout écrit avec la graphie usuelle : 王 (ō). En général, au moins pour les quatre rois du ciel, il use d'une graphie qui lui est propre : 玉 (joyau). Les quatre rois du ciel sont écrits aussi finement que les noms des autres personnages, ce qui fait que le Daïmoku, la signature - kaō et les deux Rois de Lumières se détachent pleinement. La signature - kaō est décalée vers la gauche, ce qui n'était pas le cas pour les gohonzon #35 ou #36.

À l'étage médian, la graphie de bosatsu (bodhisattva) est abrégée en un caractère que Nichiren emploie souvent pour écrire ce mot après le nom de Hachiman. Cette abréviation qui est propre à Nichiren s'écrit avec en haut la clef 艸 et en dessous un signe qui ressemble au katakana サ. Ce n'est pas la graphie habituelle (菩薩).

Remarques :

En ce qui concerne la date, comme les autres gohonzon écrit à cette période, le mois est indiqué selon le système chinois des 12 rameaux et non par un chiffre. Ce 4e mois s'écrit 卯.

Ce gohonzon reprend à peu près le cannevas des gohonzon #34, #35 ou #36, y compris pour les transcriptions en chinois des noms sanskrits des quatre rois du ciel (cf. Remarques, point n°3 de #34). Mais il est tout à fait original par les insertions de citations horizontales qui amènent nécessairement une forme plus carrée.

Les citations sont déployées en lignes horizontales ou obliques sur la moitié haute du gohonzon. Elles se trouvent dans un espace vacant, tant à droite qu'à gauche entre les personnages des étages supérieur et médian et les rois du ciel ou les Rois de Lumières qui sont aux limites latérales du gohonzon. Comme nous le mentionnons au paragraphe Remarques du gohonzon #53 : "Elles ajoutent un nouvel ordre de signification : elles introduisent le langage dans la représentation du gohonzon. Les autres idéogrammes que nous voyons sur le gohonzon ne sont pas à proprement parler des éléments de langage. Ils ne forment pas de phrases, ils sont à mi-chemin entre la représentation picturale et la signification." Ici ces extraits de sūtra (Lotus et Nirvana) font entendre quelques phrases de ces deux sūtra sur un thème commun : le remède que constitue l'enseignement bouddhique. Nous développerons ce sujet un peu plus bas. Les lignes de ces citations sont déployées en partie en éventail du côté droit et en lignes un peu obliques et à peu près parallèles du côté gauche. Dans les deux cas leur mouvement est centrifuge, c'est-à-dire qu'il va de l'intérieur vers l'extérieur, ce qui semble indiquer une forme de diffusion du message. Mais ces phrases appartiennent à un tout autre espace ou plutôt à une autre dimension que la cérémonie du Lotus visuellement représentée sur le gohonzon. En faisant apparaître des fragments du prêche du Bouddha, elles en font entendre la voix et fige à la surface du mandala le message énoncé.

Il aurait fallu dresser une cartographie des ces citations ; leur ordre de succession, comme nous l'avons vu pour les gohozon #28, #29 voire #90, aurait pu être instructif. Malheureusement, l'état des reproductions sur lesquelles nous travaillons rend le déchiffrement pratiquement impossible. De plus le fond, le support, est devenu foncé au fil des siècles, - assez fortement par endroits d'ailleurs -, ce qui ne facilite pas la lisibilité. Ce gohonzon avait été conféré au moine Nisshō, et on peut supposer que celui-ci, érudit formé dans les grands temples du Tendai, pouvait reconnaître immédiatement ces phrases. Pour ceux qui viennent après et qui sont moins habitués à la lecture de cette calligraphie cursive, l'opération est bien moins aisée d'autant que l'écriture à l'horizontale amène les idéogrammes à être couchés et même parfois retournés.

Les citations partagent une thématique commune : le traitement de la maladie. On pourrait même dire que c'est la préoccupation essentielle du bouddhisme depuis les origines. La maladie c'est la souffrance, elle-même causée par l'obscurité fondamentale. Ainsi le Bouddha est-il lui-même comparé à un habile médecin notamment dans la parabole du chapitre de la Longévité de l'Ainsi-venu qui met en scène le médecin aux innombrables enfants lesquels s'intoxiquent pendant l'absence de leur père. Les citations 3 et 4 ou la citation extraite du chapitre Conduite originelle du bodhisattva Roi des Remèdes renvoient à cette problématique. En fait pour délivrer les êtres de la souffrance le remède est le Sūtra du lotus comme l'indique la citation 2. Les citations 5 et 6 qui proviennent du Sūtra du nirvana ont une approche assez différente même si elles ressortissent, elles aussi, de la problématique de la maladie et de sa guérison. La citation 5 nous parle de l'inquiétude des parents et la 6 de ceux que leurs actes éloignent du remède.
Il y a une graduation dans l'emploi de ces citations. La première d'entre elles montre le principe général et son action : "Ce sūtra est en fait le bon remède pour les maux des hommes ... leur mal s’éteindra et il n’y aura plus vieillesse ni mort". Les deux suivantes enseignent l'habileté requise par celui qui enseigne la loi bouddhique pour arriver à ce résultat : "Les autres, ceux qui ont perdu l'esprit ... lui demandent instamment de guérir leur mal, quand le remède leur est présenté, ils se refusent à l'avaler" et "Ce beau et bon remède, je le laisse ici. Vous pouvez le prendre et l'absorber, ne vous tourmentez plus en pensant qu'il ne convienne pas.". Enfin les deux dernières citations extraites du Sūtra du nirvana montrent que l'attitude de celui qui veut soigner peut être mal comprise "Que l'un d'eux vienne à tomber malade, les parents bien qu'étant dénués de préférence se préoccupent alors surtout de lui." et la diffficulté de la tâche, la lourdeur des pathologies : "il est trois sortes de personnes dont la maladie est difficile à guérir : ceux-là qui calomnient le Grand-Véhicule, ceux qui commettent les cinq forfaits et les icchantika".

Ce gohonzon si particulier est appelé le Gohonzon des prières. Il s'agit là bien sûr d'un nom apocryphe probablement dû aux citations.

Principalement aux États-Unis, des reproductions de ce gohonzon servent comme objet de culte pour certains groupes de croyants nichirenistes non reliés aux Écoles traditionelles japonaises. Probablement est-ce l'aspect original et composite de ce mandala qui a présidé à ce choix.

En bas de la page où amène le lien avec le temple Myōhokkeji, on trouve une vidéo intéressante faite par un visiteur. On y voit entre autres différentes salles de ce complexe religieux, des répliques de gohonzon sur différents supports et un très vieux cerisier sauvage en fleur.

Les collections du temple Myōhokkeji à Mishima-shi abritent trois autres mandala : #62, #78 et #101, lequel est également conféré à Nisshō, ce qui semble d'ailleurs plus vraisemblable que pour ce gohonzon-ci en ce sens où dans le #101 la dédicace est écrite par Nichiren et non pas découpée et recollée comme ici, de plus elle est davantage personnalisée "Transmis à Nisshō fils de Skakya" (釈子日昭傳之) et elle semble mieux intégrée dans la composition générale du mandala.

 
 
 
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